Alors que le groupe mondial d’enseignement supérieur Galileo Global Éducation, est au cœur du scandale révélé par le livre-enquête Le Cube de la journaliste Claire Marchal, qui décrit le système mis en place pour maximiser les rendements, les ministres de l’Éducation Élisabeth Borne et de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste, ont annoncé, lundi 10 mars, qu’une inspection interministérielle serait missionnée « pour une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif ». Les ministres avaient reçu dans la journée le président du groupe Galileo, qui rassemble environ la moitié de ses sites en France, détient des écoles comme le Cours Florent en théâtre, l’EMLyon pour le commerce ou l’école d’art Penninghen.
Élisabeth Borne et Philippe Baptiste ont indiqué par ailleurs travailler avec la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur un « renforcement du dispositif Qualiopi qui conditionne l’obtention des financements de l’apprentissage ». Ce label Qualiopi, qui atteste de la qualité des prestations, « sera ainsi dans sa future version, plus exigeant s’agissant des critères d’évaluation de la qualité des formations », promettent-ils dans un communiqué. Philippe Baptiste avait déjà précisé dans un entretien au journal Les Échos que l’objectif était « que ce label renforcé soit en place début 2026 ».
Baisses de salaires des enseignants, du volume de cours, classes surchargées…
Basé sur quelque 150 témoignages et des documents exclusifs, le livre Le Cube de Claire Marchal, paru mercredi 5 mars, met en cause le fonctionnement de ce groupe, avec des frais d’inscriptions très élevés, des baisses de salaires des enseignants et du volume de cours, et parfois des entorses à la sécurité des étudiants, tassés dans des classes surchargées. Le tout sur fond de financement public via les aides à l’apprentissage et à la formation continue. « Ils avancent main dans la main, travaillent ensemble, des cabinets ministériels aux conseils d’administration, de la haute fonction publique aux directions des groupes », note d’ailleurs l’autrice à propos de l’État et de ces groupes d’enseignement privés.
Si le gouvernement promet de se pencher sur le sujet, il a beau jeu de s’offusquer d’une logique qu’il tente à toute force d’imposer à l’enseignement supérieur public avec l’autonomie des établissements et à grand renfort de coupes budgétaires – au total « 1,5 milliard » selon l’Union étudiante. Les conséquences n’y étant pas moins délétères. Locaux dégradés, augmentations des frais d’inscription, précarisation du personnel, suppression de TD voire de formations…
Pour mettre un terme à cette loi du fric qui s’impose aussi dans le public et qui en dégradant son excellence fait le jeu du privé, la communauté universitaire de l’enseignement public se donne rendez-vous dans la rue, ce mardi 11 mars, (à Paris, à 12 h 30, place de la Sorbonne) pour dénoncer la menace qui pèse sur les universités, leur personnel, leurs étudiants, leurs diplômes.
Avant de partir, une dernière chose…
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