Il était de la garde rapprochée de Jacques Chirac, lors de son premier quinquennat. Il était aussi l’un des membres de la dynastie Debré, entre le premier chef de gouvernement de la Ve République (Michel), un ancien ministre de la coopération dans le gouvernement de cohabitation sous Édouard Balladur (Bernard), d’un grand reporter auréolé d’un prix Albert Londres (François) et d’une autrice à succès (Constance). Figure majeure de la droite, Jean-Louis Debré est mort dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 mars, a annoncé sa famille. Il avait 80 ans.
Secrétaire général adjoint et porte-parole du RPR (1994 à 1995), ministre de l’Intérieur (1995-1997), président de l’Assemblée nationale (1997 à 2007) et président du Conseil constitutionnel (de 2007 à 2016), Jean-Louis Debré vouait un culte à la figure de Charles de Gaulle, comme il entretenait une proximité sans faille avec Jacques Chirac.
André Malraux corrigeait ses dissertations
Né le 30 septembre 1944 à Toulouse, Jean-Louis Debré grandit au sein de la haute bourgeoisie. Son ascendance lui permet, enfant, de croiser le président états-unien John F. Kennedy, le chancelier allemand Konrad Adenauer et son futur modèle Charles de Gaulle. Il n’en reste pas moins un élève médiocre, qui échoue à obtenir le bac, alors même qu’André Malraux, résistant, écrivain et ministre des Affaires culturelles sous de Gaulle, corrigeait certaines de ses dissertations.
Le futur homme politique de droite a par la suite réalisé ses études à l’Institut d’études politiques de Paris, puis à l’École nationale de la magistrature. Il enchaîne ensuite au sein du RPR, dont il devient le premier secrétaire général adjoint et porte-parole du RPR en 1994, avant d’être propulsé à la tête de Place Beauvau un an plus tard.
C’est notamment à cette époque que les histoires de Jean-Louis Debré et de l’Humanité se croisent. Suite à la publication, le 6 janvier 1996, d’un article relatant une « bavure » commise par un groupe de policiers, le ministre de l’Intérieur poursuit, le 5 avril de la même année, le journal à la quatrième section du parquet de Paris pour « diffamation publique envers une administration publique ».
Plainte qui n’ira pas plus loin, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris ayant relaxé le journal, en avril 1997. « Ce jugement met hors de cause de notre journal, rétorquait alors l’Humanité. En revanche, il constitue indéniablement un échec pour Jean-Louis Debré, qui avait cru pouvoir à bon compte s’attaquer à la liberté de la presse. »
Jean-Louis Debré a ensuite été président du groupe RPR à l’Assemblée nationale, de 1997 à 2002, et maire d’Évreux de 2001 à 2007. De 2002 à 2007, il a été président de l’Assemblée nationale avant de devenir, de 2007 à 2016, président du Conseil constitutionnel après avoir été nommé, avant la fin de son mandat, par le président de la République Jacques Chirac, dont il est resté un fidèle jusqu’à la fin de sa vie.
Éloigné du chaudron politique, Jean-Louis Debré s’était enfin mué en observateur de l’évolution du champ politique, et notamment de l’Assemblée nationale. « Vous voulez que tout soit lisse, calme et silencieux ? Il faut aller à l’Académie, pas à l’Assemblée », confiait-il ainsi à Libération, à propos de la configuration de l’hémicycle, début 2023. Mais l’ancien ministre a surtout passé ses dernières années à rencontrer ses lecteurs, comme d’anciens militants.
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