La froide pluie hivernale de ce mercredi n’a pas altéré le moral de la centaine de salariés de Geodis Calberson venus exprimer leur colère devant les locaux à Gennevilliers. Rassemblés sous des bâches ou près d’un barbecue de fortune, les conducteurs, manutentionnaires et autres ouvriers de l’entreprise de logistique et de transport ont exprimé leur ras-le-bol face à la direction concernant les renégociations salariales et leurs conditions de travail.
« Aux premières NAO il y a deux semaines, on nous a parlé d’augmentation de 35 euros en brut », explique Laurent Sambet, conducteur avec 27 ans de bouteille et délégué CGT. « On est le premier transporteur français et le troisième européen, pourtant nous qui fournissons le travail, on nous propose des miettes » fustige le cégétiste. Selon les derniers comptes sociaux de l’entreprise publiés sur Pappers, Geodis a réalisé un bénéfice de 260 millions d’euros en 2023.
« Le site de Gennevilliers a fait à lui seul 9 millions d’euros de chiffre d’affaires, ajoute avec conviction Ahmed, responsable de zone depuis 15 ans. Nous avons été le site le plus performant d’Île-de-France, dépassé les prévisions et pourtant on nous explique que la société perd de l’argent. » Pour ces salariés, le paradoxe présenté par la direction est « un manque de respect », selon Amadi Sissoko, salarié depuis 2012.
L’absence de grille salariale
Avant l’arrêt des négociations avec la direction, les salariés proposaient l’instauration d’une grille définissant les salaires des ouvriers selon leur poste et leurs anciennetés. « Le problème de ne pas avoir de grille, explique Laurent Sambet, c’est qu’on peut avoir un chef qui a 5 personnes sous ses ordres, mais qui gagnera seulement 30 euros de plus, alors que ce n’est pas du tout le même travail ni les mêmes responsabilités. » Une grille qu’il présente comme évolutive afin de permettre aux plus anciens « d’avoir assez pour vivre. On a des salariés avec parfois 4 enfants qui sont à découvert dès le 5 du mois ».
Un travail difficile pour les corps
La plateforme de Gennevilliers n’en est pas à sa première grève de cette ampleur. En 2015 déjà, les travailleurs exprimaient les mêmes réclamations. À nouveau en 2022, pendant deux semaines. Si aujourd’hui le volet financier de ce mouvement de grève est important, les conditions de travail sont aussi un point clé pour ces salariés. « Pour les collègues de la plateforme, en 27 ans depuis mon arrivée, il n’y a pas eu une seule amélioration pour faciliter leur tâche », déplore Laurent Sambet. Bien qu’il note une amélioration dans son confort de travail en tant que chauffeur, il regrette que les mêmes directives que ne soient pas mises en œuvre pour les manutentionnaires qui « travaillent dans le froid, avec de la poussière et tout ce qu’il y a de pénible ».
Ahmed à ses côtés pointe du doigt un manque de matériel et le fait que le seul changement récent soit « un appareil pour scanner les colis plus rapidement, mais rien pour aider les camarades de parfois 50 ou 60 ans qui portent des charges toute la nuit et doivent se baisser régulièrement ». Derrière eux se dressent les bureaux modernes administratifs du site, refaits récemment selon Laurent « à hauteur de 3 millions d’euros ». Malgré l’arrêt des négociations, les salariés se disent « ouverts au dialogue mais ne lâcheront pas le combat ». Ils prévoient de reconduire leur grève tant qu’ils n’auront pas gain de cause et « leur part du gâteau ».
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