L’étau Bétharram ne cesse de se resserrer autour de Matignon. Semaine après semaine, François Bayrou, accusé d’avoir fermé les yeux sur des violences pédocriminelles perpétrées pendant six décennies dans cet établissement privé du Béarn, est un peu plus englué dans ce scandale d’État.
Cette fois, c’est une plainte qui vise directement le premier ministre, pour non-dénonciation de crime et délit. Celle-ci a été déposée vendredi 21 février par un ancien élève de Notre-Dame de Bétharram, témoin de violences physiques sur un élève alors qu’il était en terminale, en 1987-1988, dans la même classe qu’Hélène Bayrou, la fille du maire de Pau. Il estime que ce dernier a forcément été mis au courant par son enfant.
« Le pion a mis un vrai aller-retour, une grosse gifle, à un élève. Tout le monde a baissé les yeux, c’était ça la réaction. Moi, je me suis retourné vers Hélène Bayrou et j’ai vu son regard de surprise et d’effroi », a raconté sur France Info le témoin, Rodolphe, aujourd’hui âgé de 59 ans.
S’il n’a pas été directement victime, celui-ci a estimé qu’il était de son devoir de porter plainte contre l’actuel premier ministre : « Il avait des fonctions, c’était à lui, peut-être, déjà, de permettre que la libération de la parole ait lieu. Mais il n’a rien fait. C’est le sens de ma plainte : quand on est responsable, à un moment, il faut assumer ses responsabilités. »
Bayrou convoqué et auditionné sous serment
C’est surtout symboliquement que l’acte a son importance : le cas de François Bayrou entre ainsi dans le champ judiciaire. Un nouveau caillou dans la chaussure du locataire de Matignon, qui espère faire oublier l’affaire.
L’épisode s’ajoute à un certain nombre d’éléments à charge : ses mensonges à l’Assemblée nationale, où il a nié malgré les nombreuses évidences avoir eu connaissance de certains faits ; les témoignages selon lesquels il aurait approché le juge d’instruction en charge de l’enquête sur les agissements du père Carricart ; ceux rapportant des gifles assénées par l’épouse de François Bayrou, professeure de catéchisme dans l’établissement…
Vendredi, le média Blast l’a également accusé d’avoir délibérément ignoré les alertes de l’inspection générale sur des violences sexuelles répétées d’un enseignant du collège Henri-IV de Bergerac (Dordogne) sur deux mineurs, au début des années 1990. Il était alors ministre de l’Éducation nationale.
Et l’affaire ne va pas retomber de sitôt. Outre les révélations médiatiques et les témoignages qui se multiplient, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale va s’intéresser à « la prévention des violences dans les établissements scolaires », Notre-Dame de Bétharram en particulier.
Le 5 mars seront nommés le président et le rapporteur de cette commission. « À partir de là, elle pourra commencer ses travaux », indique à l’Humanité le député Paul Vannier, à l’initiative de cette commission. L’élu France insoumise entend bien convoquer François Bayrou, pour une audition sous serment. En vertu des pouvoirs conférés par la loi à l’Assemblée nationale, une telle convocation aurait une portée obligatoire, sous peine d’amende.
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