Dans le cadre du futur ensemble immobilier “Rive Azur” dans le quartier de l’Île de Thau, la Ville de Sète souhaite favoriser le développement de l’offre d’accession “abordable” à la propriété. Un terme qui fait tiquer l’opposition de gauche.
“Rive Azur”. C’est le nom choisi pour l’opération immobilière portée à l’ouest de l’Île de Thau, rue des Capéchades, à Sète. De quoi s’imaginer le regard tourné vers l’horizon bleu de l’étang de Thau, depuis la terrasse de son logement neuf, en joyeux propriétaire. Ce sera le privilège d’une poignée de Sétois, prochainement. Mais à quel prix ?
La Ville a cédé à l’euro symbolique trois parcelles de 4 643 m2 au total à la société privée Promologis (lire ci-dessous), afin d’y réaliser un projet immobilier en “accession abordable”. Un dispositif permettant aux foyers à revenus modestes ou médians d’accéder à la propriété. Cette forme d’accession, également connue sous le nom “d’accession sociale ou sécurisée”, offre des logements à des prix plafonnés et inférieurs à ceux du marché pour faciliter l’accession à la propriété pour tous.
Des terrains cédés à l’euro symbolique
Par délibération en date du 25 novembre 2024, la Ville de Sète a déclassé les parcelles concernées d’une surface respective de 4 471 m2, 96 m2 et 76 m2, afin de pouvoir les céder à la société Promologis. Toutefois, et comme inscrit dans la convention pluriannuelle du NPNRU – Île de Thau 2019-2024 signée en février 2019, la rétrocession de ces parcelles est due par la commune au titre des contreparties foncières et ce à l’euro symbolique, afin que la société Promologis puisse y développer un projet immobilier dit “en accession abordable”.
Porté par le groupe Promologis, présenté comme “le premier acteur de l’habitat abordable et durable en Occitanie” avec plus de 90 000 personnes logées dans près de 300 communes, le projet concerne la création de 22 logements “abordables”, à proximité immédiate de la nouvelle école Anatole-France, en lieu et place de l’ancien établissement Suzanne-Lacore. Il s’agit de 14 maisons individuelles T4 (R + 1) de 85 m2, huit logements collectifs T3 (R + 1) de 65 m2, accompagnés de la création d’un parking de 13 places privées pour les logements collectifs et 28 places privées pour les logements individuels.
Des T4 à 230 000 €, des T3 à 200 000 €
La Ville, par l’intermédiaire de la première adjointe Blandine Authier, en a détaillé les prix lors du dernier conseil municipal. Concernant les maisons individuelles T4 de 85 m² affichées au prix de 230 000 €, “un couple avec deux enfants qui fourniraient un apport de 10 % et bénéficieraient de revenus à 2 500 € par mois, serait soumis à un remboursement de 850 € par mois”. Soit 33 % du revenu mensuel, le tout sur quinze ans.
Du côté du logement collectif T3 de 65 m² au prix de 200 000 €, “une famille monoparentale avec un enfant, avec un apport de 10 % et un revenu de 2 100 € par mois, aurait un remboursement de 660 € par mois”. Soit 31 % du revenu mensuel, à nouveau sur quinze ans.
“Ce n’est pas ce que j’appelle “abordable””
“Ce n’est pas ce que j’appelle “abordable””, réagit l’écologiste Laurent Hercé, pour l’opposition municipale de gauche. “Pour une maison, il faut justifier de 2 500 € minimum par mois pour accéder à ce projet, cela exclut énormément de monde… On s’adresse à la classe moyenne, pas à la classe populaire”, regrette-t-il, quand Laura Seguin, pour le groupe Ensemble pour Sète, évoque un projet “qui n’a pas convaincu les habitants”.
“Tous les avis étaient défavorables”
“Ce projet à cet endroit, on n’y est pas favorable, réagit le Collectif des habitants de l’Île de Thau. On a fait des contre-propositions, comme un jardin partagé ou une aire pour enfants. Il y a eu une enquête publique, nous avons rencontré le commissaire enquêteur. Tous les avis recueillis étaient défavorables, pour des questions de sécurité ou d’emprise, rendant extrêmement difficiles le stationnement et la circulation dans cette impasse, avec la sortie de l’école Anatole-France. Curieusement, l’enquête publique s’est conclue uniquement avec des avis défavorables, mais avec l’avis favorable du commissaire enquêteur pour que ça se réalise.”
“Ils n’ont pas les moyens d’acquérir un logement, même avec cette aide. Ils se sentent exclus de ce projet. Même si on facilite l’accession à la propriété, ils jugent qu’ils n’auront pas les moyens d’accéder à ces nouveaux logements.” Si le maire François Commeinhes précise que le revenu de 2 500 € s’entend “par foyer” et non individuellement, la mairie n’a pas apporté d’éléments complémentaires aux remarques formulées par l’opposition municipale.