Député Les Républicains du Lot, conseiller régional d’Occitanie où il préside un groupe de la droite et du centre, Aurélien Pradié a rencontré à la rédaction de Midi Libre quatre lecteurs de notre titre.
Député Les Républicains du Lot, même s’il siège parmi les non inscrits à l’Assemblée nationale, Aurélien Pradié avait accepté ce vendredi le principe d’une rencontre et d’échanges avec quatre lecteurs de Midi Libre.
Dans un contexte de grande instabilité politique, de dérive des finances publiques, et d’un paysage géopolitique bouleversé, celui qui est aussi conseiller régional d’Occitanie à la tête d’un groupe d’opposition de la droite et du centre, a confirmé ne pas toujours être là où on l’attendait.
S’il estime que “la Région a besoin d’autre chose que le choix entre le parti socialiste et le Rassemblement national”, il appelle surtout à un sursaut au niveau national, à “la hauteur des défis actuels. Mais j’ai bien plus d’espoir que de désespoir. Le premier chemin vers le rebond, c’est la prise de conscience. Après, on pourra passer à l’étape de la reconstruction de la nation”. À laquelle le Lotois entend bien participer.
“Je suis passé pour l’agité de service”
Sollicité d’emblée sur le retour des négociations autour de la réforme des retraites, Aurélien Pradié s’est dit “très fier de la bataille que j’ai menée sur cette réforme. Avec un principe fondamental, ceux qui ont commencé à travailler plus tôt ne doivent pas être pénalisés. Or la réforme des retraites a pénalisé le travail, l’effort. Je suis alors passé pour l’agité de service, mais tout m’a donné raison. C’est une mauvaise réforme, l’allongement de l’âge de départ est une fausse bonne idée, les conclusions de la Cour des comptes me donnent raison”.
Et d’estimer qu’il “faut revoir complètement le système, un système qui doit être individualisé. Je suis favorable au régime par points qui fait primer la durée de cotisation sur l’âge légal de départ”, répondit-il ainsi à Boris Enet, principal adjoint de collège, et militant du parti socialiste.
“Un spectacle politique dérisoire”
Et celui qui, tout en restant encarté aux Républicains, s’est émancipé du groupe LR à l’Assemblée nationale, assume ses pas de côté : “Je cultive en responsabilité mon âme de révolutionnaire tous les jours. Et je me sens de plus en plus révolutionnaire. Et c’est conforme dans mon esprit à ce qu’ont toujours été les gaullistes. Pas révolutionnaires au sens mélenchoniste, mais au sens où les gaullistes étaient audacieux, voyaient les choses en grand pour notre pays, à toutes les étapes de sa reconstruction. La Sécurité sociale, à l’époque, était un projet révolutionnaire, comme la souveraineté alimentaire du pays, sa reconstruction énergétique après guerre, ou la Ve République et ses institutions !”
Il s’alarmait : “L’écart est abyssal entre les défis du pays, les défis du monde, dans une période d’aussi grande instabilité, et le spectacle politique qui est devenu absolument dérisoire. On joue aux billes quand le monde est en train de se recomposer. Ce qui est irresponsable, ce n’est pas de tirer la sonnette d’alarme, c’est de roupiller.”
“Le plus fatal, c’est l’incertitude”
“Le plus fatal dans cette période c’est l’incertitude”, relançait le député du Lot en s’adressant à Sophie Pradel, maire de la commune de 59 habitants de Saint-Michel, sur le Larzac, qui lui faisait part des difficultés d’apporter des réponses concrètes aux attentes de ses concitoyens : “Personne ne sait où on va. La politique aujourd’hui ne change pas la vie de nos concitoyens, sauf au niveau local. Et le poison dans une démocratie, c’est quand les responsables politiques passent entre les gouttes. Et qu’ils n’assument jamais leurs responsabilités, même leur responsabilité démocratique. Dans une commune, quand vous êtes battu aux élections, vous ne restez pas maire. Dans notre pays, battu aux élections, vous pouvez continuer à former un gouvernement. C’est une folie éveillée.”
La guerre des chefs
Considérant l’actualité de son parti, il juge que la guerre des chefs qui se prépare, “va abîmer tout le monde. Au moment où Trump menace de déstabiliser le monde et où notre pays est dans une situation budgétaire calamiteuse, on va ouvrir une guerre des chefs. Ça vaut à droite comme à gauche, c’est dérisoire au regard des défis du monde, c’est de la petite politicaille pour savoir qui va devenir le chef du clan. Et ceux qui auront la responsabilité d’aller devant les Français en 2027 ne sont pas ceux auxquels on pense aujourd’hui.”
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Les questions environnementales se sont également invitées à cette rencontre. Victoria Delannoy déplorait ainsi de voir dans le projet de loi de finances 2025, un coup de rabot “de 3,45 milliards sur les budgets alloués à l’écologie par rapport à 2024”, s’adressant à Aurélien Pradié afin qu’il détaille sa position sur ce choix. Et ce dernier d’argumenter sur “l’importance pour le pays des ambitions” en matière “d’investissements en faveur de la recherche”.
“La reconquête des mers et des océans”
Il plébiscitait “la reconquête des mers et des océans. C’est un sujet diplomatique, géopolitique, environnemental, et c’est là où nous avons le plus de ressources inexploitées, que l‘on ne sait pas gérer aujourd’hui. La déclinaison, c’est l’eau, enjeu fondamental et prioritaire dans notre région notamment” défendait-il.
Avant de déplorer, relancé par son interlocutrice sur le manque d’engagements concrets des décideurs politiques en matière d’écologie, qu’”il y a une grande complicité entre ceux qui portent l’écologie décroissante dans notre pays et ceux qui ont porté les délocalisations. À partir du moment où vous voulez tout produire à l’extérieur du pays, vous rendez service à ceux qui veulent gagner de l’argent sur le dos des travailleurs, et à ceux qui ne veulent plus voir d’usine dans notre pays parce que ça pollue”.
“Faire de l’école un outil d’ascenseur social”
Boris Enet l’interpella, lui, sur le sujet du handicap dans le système scolaire : “On ne reconstruira rien dans le pays si on ne reconstruit pas notre école. D’abord en y réinstallant nos principes républicains, puis en refaisant de l’école un outil d’ascenseur social. Et aussi en y faisant une place à la différence. Le premier combat que j’ai mené à l’Assemblée concernait le handicap des enfants à l’école. Les choses ont progressé ? Oui. Sommes-nous à la hauteur ? Non. On voit des milliers d’enfants ne pas être scolarisés en raison de leur handicap, ou quelques heures seulement. Il faut du personnel enseignant en renfort.”
Et quand le Biterrois Jacques Dandine l’interrogeait sur la “nécessaire” relance du secteur du bâtiment, Aurélien Pradié approuvait : “C’est un sujet central pour notre région, et une bombe à retardement sur laquelle notre pays est assis. Mais on ne pourra pas relancer la construction si les lois l’empêchent. Si on veut que les Français puissent se loger, ils doivent pouvoir obtenir des permis de construire.”