Le procureur de la République d’Évry, Grégoire Dulin, avait prévu de tenir une conférence de presse au tribunal judiciaire local, mercredi 12 février, à 18 heures, pour détailler où en est l’enquête en cours sur le meurtre de Louise, collégienne âgée de 11 ans poignardée à de multiples reprises, après la sortie des cours, vendredi 7 février. Le programme risque finalement d’être chamboulé : le principal suspect est passé aux aveux, a déclaré Grégoire Dulin dans un communiqué, dans la matinée du mercredi 12 février.
L’affaire avait pris un nouveau tournant mardi 11 février, lorsque le procureur d’Évry a dévoilé la mise en garde à vue de quatre suspects, dont ce dernier, un homme âgé de 23 ans. « Les enquêteurs ont depuis procédé au placement en garde à vue ce matin de trois personnes du chef de non-dénonciation de crime », a par la suite ajouté Grégoire Dulin. Les trois autres personnes en question sont le père (49 ans), la mère (48 ans) et la conjointe (23 ans) du principal suspect, interpellés à Épinay-sur-Orge, où se situe le collège de Louise.
« La présence de très nombreuses plaies »
Selon les informations de BFMTV, l’arrestation a eu lieu au domicile du suspect, dans la soirée du lundi 10 février. Les agents de police ont, par la suite, passé plusieurs heures sur place, afin de fouiller la maison comme les voitures des suspects, garées à proximité du domicile. Surtout, l’ADN du suspect a été retrouvé sur les mains de Louise, mardi 11 février. Et ce, alors que les auditions des quatre suspects – dont les gardes à vue ont été prolongées – sont toujours en cours à Versailles.
Pour rappel, le corps de Louise a été retrouvé le samedi 8 février, dans le bois des Templiers à Longjumeau (Essonne), vers 2 h 30, après des recherches mobilisant un hélicoptère, des drones et la brigade cynophile. L’autopsie, réalisée à l’institut médico-légal de Corbeil-Essonnes, a permis « de relever la présence de très nombreuses plaies commises avec un objet tranchant dans les zones vitales », avait alors annoncé le parquet. L’enquête pour meurtre sur mineur a, par la suite, été confiée à la Direction de la criminalité organisée et spécialisée des Yvelines (DCOS 78), en cosaisine avec la direction nationale de la police judiciaire.
Deux autres suspects avaient été interpellés à Rouen, en Seine-Maritime, plus tôt lundi 10 février. Un homme suspecté du meurtre (lui aussi âgé de 23 ans) et sa mère (55 ans), suspectée de non-dénonciation de crime, ont ainsi été entendus, avant d’être libérés au cours de la journée. Samedi 8 février, le même schéma s’était produit pour un couple, placé en garde à vue puis relâché le jour même.
Une demande que l’extrême droite n’a pas hésité à piétiner
Des salles de recueillement seront ouvertes à Longjumeau et Épinay-sur-Orge, jusqu’au vendredi 14 février. Un dispositif de sécurité sur les trajets du collège André Maurois, où était scolarisée Louise, a enfin été mis en place, alors que les élèves sont retournés en classe, lundi matin.
La mairie de Longjumeau (commune voisine d’Épinay-sur-Orge) a cependant annoncé, lundi après-midi, qu’aucune marche blanche ne serait organisée « afin de permettre à la famille de faire son deuil dans la plus stricte intimité ». Un écho aux déclarations du père de la victime, qui aurait demandé à ce « qu’aucune récupération politique ne soit réalisée sur (leur) malheur », affirmait l’animateur de télévision Christophe Beaugrand-Gerin, dans un post sur X du 8 février. Les membres de la famille de l’enfant sont « des proches » de ce dernier. Demande que l’extrême droite n’a pas hésité à piétiner pour imposer leur agenda raciste.
Comme quand le magazine Frontières nomme explicitement l’un des premiers suspects, mentionnant son « origine nord-africaine » (mis à jour suite à la libération du suspect et de sa compagne, l’article comporte toujours le nom de ce dernier). De même pour le journal dominical, le JDD, qui n’a pas hésité à évoquer un suspect de « type nord-africain », donnant le prénom et l’initiale du nom de famille des deux personnes.
Enfin le « journaliste » ayant son rond de serviette sur les plateaux de CNews, Jordan Florentin, a pointé du doigt… les positions politiques de la sœur de la victime. Son tort ? Avoir soutenu la France insoumise et s’être attaqué au Rassemblement national sur son compte X. Le tout afin de surfer sur ce meurtre pour vilipender l’immigration.
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Une cellule d’écoute pour le personnel et les élèves a été ouverte au sein de l’établissement et sera maintenue toute la semaine, a précisé le rectorat de l’académie de Versailles. De même, une cellule d’écoute psychologique coordonnée par le Samu avait été installée en mairie d’Épinay-sur-Orge, durant le week-end où a été découvert le corps de Louise.