Au cours d’un entretien pour nos confrères du JDD ce samedi 8 février, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau évoque ce qu’il souhaiterait mettre en place et revient notamment sur le cas de l’influenceur algérien Doualemn.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau additionnant le nombre de premiers titres de séjours et celui des demandes d’asile a estimé dans un entretien à paraître dimanche dans le JDD que “un demi-million d’entrées par an, c’est trop”.
“Un demi-million d’entrées par an, c’est trop. La question migratoire est d’abord une question de nombre. Comme l’a dit le Premier ministre, tout est une question de proportion : dans un village des Pyrénées ou de Vendée, une famille de plus, ce n’est pas un problème. Trente, c’est un bouleversement. Aujourd’hui, nous ne maîtrisons plus les flux”, a commenté le ministre dans une interview au journal du Dimanche.
La France a délivré 336 700 premiers titres de séjour l’an dernier, un chiffre en hausse de 1,8 % par rapport à 2023, selon les chiffres dévoilés cette semaine par le ministère de l’Intérieur. En ce qui concerne la demande d’asile, le ministère a fait état d’une baisse de 5,5 % du total, à 157 947 dossiers.
Il a aussi affirmé qu’il avait mis un coup de pied dans la fourmilière. Si une augmentation de “27 %” des éloignements du territoire a eu lieu en 2024, il constate une “accélération nette” depuis sa nomination.
Une ligne ferme
Tenant d’une ligne dure sur l’immigration, M. Retailleau juge que “le sujet migratoire, c’est la capacité à réduire les entrées et à accélérer les sorties. Mais la priorité, ce sont d’abord les entrées”.
“Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des normes juridiques qui nous entravent et à la réticence de certains États à coopérer sur les expulsions. L’exécution des OQTF ne dépend pas seulement de nous, mais surtout des pays d’origine, qui doivent délivrer des laissez-passer consulaires. Avant même d’accélérer les expulsions, il faut donc réduire les flux entrants. Cela passe notamment par une politique de visas plus restrictive”, a-t-il mis en avant.
Le ministre a encouragé les parlementaires à avancer sur des sujets comme la durée de rétention en centres de rétention administrative (CRA), “sur le délit de séjour irrégulier, sur le pouvoir des préfets qui devraient être en mesure de suspendre une décision de remise en liberté prise par un juge des libertés lorsqu’elle concerne un individu dangereux”. “Il faut aussi revoir la question des prestations sociales”, a-t-il ajouté.
Concernant le cas de l’influenceur algérien “Doualemn” dont l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) a été annulée et au cœur d’un bras de fer entre Alger et Paris, M. Retailleau a considéré que “l’État de droit a été dévoyé au point que la règle de droit ne protège plus la société française, mais désarme l’État régalien. Quand une règle ne protège plus les Français, il faut la changer”.
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Le natif de Cholet dans la Maine-et-Loire souhaite donc mette en place un référendum permettant de consulter les Français sur le sujet de l’immigration. “Le phénomène qui a le plus bouleversé la société française depuis un demi-siècle, sans que les Français aient jamais été consultés”, a-t-il déclaré. Cependant, il a admis devoir attendre la présidentielle de 2027 pour pousser ce sujet plus sur le devant de la scène.