« Ce sont des musulmans, ils sont noirs », lâche Bruno Retailleau sur LCI, jeudi 6 février, alors qu’il était l’invité de l’émission « La Grande Confrontation ». Des propos ouvertement racistes qui ne doivent rien au hasard et qui ont été tenus par le ministre de l’Intérieur concomitamment à l’adoption à l’Assemblée nationale, lors de la niche parlementaire LR, d’une proposition de loi restreignant le droit du sol à Mayotte. Ce texte, adopté en fin de soirée, dispose qu’un enfant né dans ce département ne peut obtenir la nationalité française que si ses deux parents résident légalement sur le territoire depuis au moins trois ans avant sa naissance.
C’est pour justifier cette mesure et son extension à l’ensemble du territoire que Bruno Retailleau s’est livré à cette saillie xénophobe et islamophobe, épousant comme de coutume les discours les plus réactionnaires de l’extrême droite. « Aucune société ne peut supporter une proportion où il y a une submersion migratoire », a-t-il poursuivi, reprenant ce fantasme infondé déjà relayé par le premier ministre François Bayrou.
Darmanin, Bayrou… Le ministre de l’Intérieur loin d’être isolé
Le ministre de l’Intérieur a fait du droit du sol une cible privilégiée dans sa bataille contre l’immigration. Concernant Mayotte, la rhétorique est rodée : les étrangers immigrent pour faire des enfants afin qu’ils obtiennent la nationalité et qu’eux-mêmes puissent demander un titre de séjour. Outre que dans l’archipel le droit du sol avait déjà été restreint en 2018 sans efficacité quant à l’objectif affiché de réduction de l’immigration – « Il est impensable qu’une famille comorienne immigre à Mayotte, attende treize ans, uniquement pour obtenir la nationalité », souligne d’ailleurs auprès de l’Humanité le juriste Jules Lepoutre – cette fois le locataire de la place Beauvau assume plus franchement que jamais la dimension identitaire de son argumentaire en affirmant sans filtre ce qui lui pose réellement problème : la religion et la couleur de peau des migrants.
Le ministre de l’Intérieur et son obsession migratoire sont loin d’être isolés au sein du gouvernement. Dans une interview accordée à BFMTV, le locataire de Matignon a même appelé ce vendredi 7 février à « un débat public plus large » que sur le seul droit du sol. « Vous voyez bien ce qui fermente depuis des années. Qu’est-ce que c’est qu’être français ? Qu’est-ce que ça donne comme droits ? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs ? », argue-t-il. La veille, à la suite de la niche LR, le ministre de la Justice Gérald Darmanin avait pour sa part suggéré un débat national. « Aujourd’hui, je serais favorable à ce que les Français puissent trancher ce genre de question lors d’une élection présidentielle en 2027 ou lors d’un référendum qui serait décidé par le chef de l’État », a-t-il avancé.
Une fois de plus, l’exécutif court derrière le front national tout en pavant la route de son arrivée au pouvoir. À propos du droit du sol, « il doit être supprimé. Si un migrant clandestin sur cinq a une chance que ses enfants deviennent français, il y en aura quinze qui prendront la mer. Pour que personne ne risque sa vie, il devrait y en avoir zéro », s’est fait un plaisir de renchérir la présidente du Rassemblement national dans l’enceinte du palais Bourbon, lors du débat de jeudi. Face à Marine Le Pen, mais aussi aux députés de droite et au gouvernement, la gauche a rappelé l’évidence : personne ne mettrait en danger, et encore moins sa famille, pour obtenir des papiers.
« Ces gens viennent pour travailler, boire, manger, et tenter coûte que coûte d’avoir une meilleure vie », a ainsi tancé Davy Rimane, du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. Une réalité à laquelle droite et extrême droite n’a que le fantasme de la « submersion » à opposer.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus