Alors que le premier ministre François Bayrou multiplie les appels du pied à l’égard du Rassemblement national, en parlant notamment de « submersion migratoire », et en proposant de restreindre le droit du sol à Mayotte, des personnalités d’extrême droite mènent tranquillement le projet d’instaurer un lieu réservé aux personnes blanches.
L’institut Iliade, un think tank d’extrême droite identitaire, cherche à créer un espace de ségrégation en plein cœur de la capitale, révèle, ce mardi 4 février, le quotidien Libération dans une enquête du journaliste Laurent Léger. Le lieu cercle Europa est censé ouvrir en mai 2025 dans un local de 220 mètres carrés, au plein cœur de Paris.
Un signalement à la procureure de la République en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale a été adressé, mercredi 5 février, par le sénateur de Paris et porte-parole du parti Ian Brossat. “Il est impératif que des mesures soient prises pour mettre fin à ce projet” a-t-il indiqué dans le courrier de signalement que l’Humanité a pu consulter.
Le cercle de réflexion à l’origine de ce funeste projet porte « un discours qui veut défendre une civilisation d’un « génocide lent » qui se fait par le métissage et l’immigration vue comme une « colonisation inversée », selon l’historien des idées Stéphane François.
Une société de production audiovisuelle et des marchands de champagne et de vin corse
Questionnés par mail par le quotidien, les représentants du think tank ont répondu : « Contrairement à ce que vous écrivez, en aucune façon ce lieu n’est conçu comme « réservé aux Européens » ».
Mais le quotidien s’est également procuré une brochure de l’institut Iliade. Dans ce document, le cercle Europa est qualifié de « lieu de rencontres pour les Européens ». Questionné sur cette mention, le think tank n’a pas répondu.
L’objectif affiché de ce lieu est de « se retrouver et se ressourcer » dans un « endroit sécurisé », décrit la brochure dont le quotidien se fait l’écho. L’institut déplore que l’absence d’un tel lieu « représente un obstacle au développement de nos idées », puisque « la seule possibilité pour les esprits non conformes » est de se réunir « en territoire hostile, onéreux, toujours au risque de voir l’évènement menacé, voir annulé ».
En outre, au-delà de la ségrégation clairement affichée, le lieu aurait pour but de s’ouvrir « au grand public », mais serait destiné à leur « famille élargie », ont écrit les rédacteurs de la brochure. Les noms de la société de production audiovisuelle et des marchands de champagne et de vin corse qui « semblent avoir sponsorisé » un dîner de lever de fond figurent également dans le fascicule.
Un dîner de lever de fond où était présente une députée RN
Et pour cause, l’enquête se fait l’écho d’un dîner de levée de fonds organisé le 23 novembre 2024, dans les sous-sols du Musée de la chasse et de la nature, un hôtel particulier situé dans le IIIe arrondissement de Paris. Environ 200 personnes étaient alors réunies, pour 150 euros du dîner, rapporte l’enquête.
La députée RN Anne Sicard était notamment présente lors du dîner. Cette dernière a répondu au journaliste de Libération, dans un premier temps ne pas avoir le temps de répondre aux « informations fantaisistes ». Puis, alors qu’elle était confrontée à un extrait de la brochure, elle n’a plus répondu.
Étaient également au rendez-vous des figures médiatiques connues de l’extrême droite, comme Alice Cordier, la présidente du collectif identitaire Nemesis qui se prétend féministe. Des habitués de Sud Radio et CNews y étaient également présents, comme le maire de Salbris, Alexandre Avril, une « figure montante de la galaxie incarnée par Éric Ciotti autour du rapprochement de la droite et du Rassemblement national », selon Libération, ou encore l’avocat Aymeric de Lamotte. Ces trois derniers n’ont pas répondu aux sollicitations du quotidien.
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