Cela a pris plusieurs semaines mais, face aux attaques et provocations concertées venues des États-Unis, la Commission européenne est enfin sortie de son silence. Pas tant du côté de la présidence, puisque Ursula von der Leyen s’est contentée à Davos d’une forme de constat d’échec : « L’ordre mondial fondé sur la coopération que nous avions imaginé il y a vingt-cinq ans est resté lettre morte », sans jamais citer les noms d’Elon Musk ni de Donald Trump.
Quant à Henna Virkkunen, nommée il y a quelques mois vice-présidente exécutive en charge de la souveraineté numérique, après avoir brillé par son absence, elle a dû s’exprimer face aux parlementaires. « Après des semaines de silence, il faut agir vite et fort », l’a notamment interpellée Alexandra Geese, eurodéputée Les Verts.
« L’ingérence étrangère nécessite une réponse puissante », a reconnu Henna Virkkunen. Car Elon Musk, patron de X, SpaceX et Tesla, devenu officiellement chef du nouveau « département de l’Efficacité gouvernementale » des États-Unis, a multiplié les saillies médiatiques pour faire la courte échelle aux partis d’extrême droite sur le Vieux Continent. Il a notamment apporté son soutien à l’extrême droite allemande en vue des prochaines législatives qui auront lieu le 23 février, et offert à sa cheffe de file, Alice Weidel, une tribune mondiale sur X pour réécrire l’histoire et légitimer sa propagande.
« Retour de l’impérialisme américain »
« On assiste à la création d’une internationale fasciste, coordonnée par Musk, et qui s’inscrit dans un retour de l’impérialisme américain », résume Manon Aubry, coprésidente du groupe La Gauche au Parlement européen. Le réseau social cristallise les tensions. Les appels à quitter X, ou à sa régulation sont nombreux depuis, et beaucoup émanent de la gauche. « Je comprends que des militants préfèrent partir, c’est devenu un réseau social extrêmement violent, en particulier pour les femmes, mais notre rôle, comme politiques, est avant tout de faire respecter les règles », estime Manon Aubry.
Et X est soumis aux règlements européens. Ceux-ci permettraient en effet de