Alors que sa consommation à des fins récréatives s’intensifie malgré les restrictions, les députés vont examiner une proposition de loi visant à interdire la vente aux particuliers de protoxyde d’azote, ou gaz hilarant. Son usage détourné, très prisé par la jeunesse avec une inhalation de ballons, inquiète hautement les instances de santé.
“Nous faisons face à un problème de santé publique à grande échelle”, alerte le député LFI Idir Boumertit, face à la consommation récréative “exponentielle” du protoxyde d’azote, notamment “chez les jeunes”. Ce dernier a rapporté une proposition de loi, qui sera examinée ce mercredi 29 janvier en première lecture à l’Assemblée Nationale. Le texte a été cosigné par des députés de plusieurs autres groupes (PS, Écologistes, MoDem…).
\u2705 Victoire en Commission pour la proposition de loi que j’ai déposé, visant à restreindre le #protoxyde d’#azote aux seuls professionnels : une première étape de franchie !
\ud83d\uddf3\ufe0fLa proposition de #loi #transpartisane sur le protoxyde d’azote a été adoptée aujourd’hui en Commission… pic.twitter.com/yp4dUbaBln
– Idir Boumertit (@boumertitidir) 22 janvier 2025
Le gaz hilarant, un phénomène inquiétant pour la jeunesse
Vendues sous forme de cartouches, et globalement utilisées pour les siphons à crème chantilly, les cartouches de ce gaz sont à la mode pour un usage bien détourné. Le protoxyde d’azote est prisé pour ses effets euphorisants de courte durée (de l’ordre de quelques minutes). Il est inhalé, le plus souvent via des ballons de baudruche gonflés par ces cartouches ou bonbonnes. “Les jeunes sont particulièrement attirés par cette substance parce qu’elle est très facilement accessible, bon marché, indétectable après consommation et, surtout, perçue comme légale et peu dangereuse”, a argumenté Idir Boumertit en commission.
En 2021, 5,5 % des élèves de classe de 3e (âgés environ de 14 ans) disaient avoir déjà consommé du proto (pour protoxyde), les garçons deux fois plus souvent que les filles, selon des données rapportées par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
Les risques encourus peuvent être l’asphyxie, la perte de connaissance, des brûlures mais aussi, en cas d’usage répété et/ou à fortes doses, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques et cardiaques, avertit la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).
Une première loi insuffisante ?
Une loi de mai 2021 interdit la vente de protoxyde d’azote aux mineurs et sa commercialisation dans les débits de boissons et tabac. Mais il est encore en vente libre dans les supermarchés et sur internet.
L’article premier de cette proposition de loi entend ainsi ne plus réserver cette interdiction aux mineurs, et l’étendre à “l’ensemble des lieux publics et des commerces et en ligne”. Un décret devra déterminer les catégories professionnelles autorisées à en acheter par dérogation, et les circuits de distribution. Un autre article du texte se concentre, quant à lui, sur la prévention, en intégrant le protoxyde d’azote aux séances d’informations annuelles prévues dans les collèges et les lycées sur le cannabis.
Des débats devraient avoir lieu dans l’hémicycle concernant la pénalisation de la détention et de la consommation de protoxyde d’azote, réclamée par Les Républicains. Les députés MoDem et Renaissance s’inquiètent eux de nuire aux “usages légitimes” par une interdiction trop vaste, et proposent donc dans des amendements d’autoriser la vente aux particuliers de petites cartouches.