C’est une petite zone pavillonnaire comme il en existe des centaines. Située à quelques mètres de l’université de Saint-Denis, elle rassemble plusieurs dizaines de maisons datant, pour la plupart, des années 1970. Ces dernières abritent souvent des familles, venues là pour échapper au tumulte du centre-ville. Le quartier a cependant été investi, il y a plusieurs années, par une vague de colocations. Avec ses six chambres, ses deux sous-sols et salles de bains, la maison où habite Oriana paraît, à première vue, destinée à une famille nombreuse. « C’est plutôt agréable comme endroit », lance la jeune fille dans un rire.
Après une première expérience de cohabitation avec des amies, cette animatrice pour enfants de 28 ans a opté pour une colocation avec des inconnus. « Au départ, je ne pensais pas habiter avec cinq autres personnes. Mais j’ai été élevée dans une maison où il y avait tout le temps du passage donc, là, je ne suis pas dépaysée ! Le mélange entre individuel et collectif me plaît beaucoup. Je partage pas mal de choses avec les colocataires. Néanmoins, nous ne sommes pas tout le temps ensemble. Chacun a une vie à côté et peut s’isoler quand il le veut. »
Oriana ne néglige pas pour autant l’aspect financier. « Il est évident qu’avec mon salaire, en dessous du Smic, je n’aurais pas pu me loger en région parisienne sans faire de colocation. Là, pour 490 euros charges comprises, je dispose d’un espace de vie de 160 mètres carrés ! » À l’instar d’Oriana, de nombreux jeunes actifs optent aujourd’hui pour la colocation. Contrairement aux idées reçues, cette dernière est loin d’être un mode de vie exclusivement étudiant. D’après les derniers chiffres de l’Observatoire de la colocation, publiés par LocService, en 2024, 41 % des candidats étaient en CDI et âgés en moyenne de 28 ans.