« Le capitalisme est tellement vorace qu’il décide de ne plus s’encombrer avec la démocratie », s’est alarmé Fabien Gay, le 21 janvier, lors des vœux de l’Humanité prononcés au siège du journal. Le directeur a relevé l’ampleur de la lutte à mener face à la montée « des régimes préfascisants » qui, de Trump à Orban en passant par Meloni et Milei, sont en train de constituer une « grande internationale des réactionnaires et du néofascisme 3.0 », et avancent également en Europe, avec Le Pen et Zemmour en France. « Ce qui se noue actuellement est d’une ampleur inégalée depuis un siècle », mesure-t-il. D’autant que bien des milliardaires, à l’image d’Elon Musk, le patron de X, participent de cette offensive avec leurs médias et leurs réseaux sociaux bots afin d’imposer leurs vérités « alternatives ».
Partout où « l’extrême droite arrive au pouvoir, elle restreint les libertés syndicales, mais aussi celles de la presse, le droit de manifester. Elle réduit à néant la culture si elle est émancipatrice et ne répond pas à ses intérêts », poursuit le sénateur PCF. Le danger est tel qu’il oblige, selon lui, le rassemblement de la gauche. « Il faut en finir avec le poison de la division, des petites phrases, des stratégies aléatoires qui détournent les Français de nous. Là où le capital divise, il nous faut agir pour l’unité de notre camp social, a-t-il insisté. Comment pouvons-nous devenir majoritaires dans le peuple français si déjà nous n’arrivons pas à unir le camp du progrès social et écologique ? »
L’ordolibéralisme ne fait pas que menacer la démocratie. Avec le réchauffement climatique, le devenir de l’humanité est en jeu. « Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », alerte Fabien Gay, en reprenant les mots du philosophe Slavoj Zizek. Six des neuf limites planétaires ont déjà été franchies. Mais plutôt que de s’attaquer à cette urgence, le monde tend à se faire de nouveau la guerre.
L’agression russe en Ukraine a déjà fait plus de 500 000 victimes. Trump menace d’attaquer le Groenland. Rien que l’an dernier, 2 500 milliards d’euros ont servi aux dépenses militaires mondiales. « Avec cet argent, nous pourrions éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde en dix ans seulement », a insisté le directeur de l’Humanité, en rendant hommage à toutes les victimes des guerres, sans distinction.
En présence de nombreux invités, dont la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et de la présidente du groupe CRCE-K au Sénat, Cécile Cukierman, mais également de maires, de syndicalistes et députés dont l’insoumis Raphaël Arnault, Fabien Gay a salué la venue au journal de l’ambassadrice de Palestine, Hala Abou-Hassira, et dénoncé le « génocide » dont est victime son peuple à Gaza.
Si l’envoi de nourriture et de médicaments au peuple palestinien doit suivre le cessez-le-feu, le directeur de l’Humanité appelle également à ce que des journalistes puissent entrer dans Gaza. « Je m’adresserai à mes confrères ces prochains jours pour qu’ensemble, nous portions cette exigence », a-t-il précisé. Car, pour comprendre le monde, partout la liberté de la presse doit s’imposer, afin que les journalistes, comme le souhaitait Jean Jaurès, puissent « chercher la vérité » et « la dire ».
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