C’est une décision de plus contre la biodiversité. Ce mardi 21 janvier, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté une demande de suspension en urgence du chantier de l’A69. Ce projet de 53 km d’autoroute devant relier Castres à Toulouse, très contesté, fait l’objet de nombreux recours, notamment d’associations. Cette décision qui devait être rendue le 17 janvier a été retardée, de nouveaux éléments appuyant les arguments des collectifs opposés au projet avaient en effet été fournis par les associations.
Selon l’association La Voie est Libre, des castors d’Europe ont été observés sur la commune de Cuq-Toulza. La présence de cette espèce strictement protégée a été « attestée par les services de l’Office français de la biodiversité et du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse », selon le communiqué de l’ONG.
« Des conséquences potentiellement irréversibles »
L’association demande « que les atteintes portées à l’espèce et à ses milieux soient immédiatement interrompues ». Le castor ne figure pas dans les études sur les conséquences pour la biodiversité. Or, un ruisseau devant être rescindé pour la réalisation du projet autoroutier alimente son habitat. La poursuite des travaux aurait des « conséquences potentiellement irréversibles », selon l’ONG.
Des arguments qui n’ont pas empêché le Tribunal administratif de laisser le chantier se poursuivre, arguant d’une décision à venir : « Le juge des référés ne suspend pas les travaux de l’A69 car l’affaire devant être jugée au fond par le tribunal le mois prochain, le projet en cause ne produira que très peu d’effet concret d’ici là », indique ainsi le communiqué du Tribunal.
En somme, en attendant de décider, la justice prend le risque de laisser les dommages se produire. L’habitat du castor – qui pourrait, entre-temps, être gravement endommagé – ne constituait manifestement pas un effet suffisamment concret pour les juges. Tant pis pour le rongeur.
Une volonté de ne pas interrompre le chantier
Surtout, cette nouvelle décision s’ajoute à celle du 9 décembre dernier. Le tribunal n’avait pas suivi, contrairement à son habitude, l’avis de la rapporteure publique, qui préconisait l’annulation de l’autorisation environnementale du projet, préférant rouvrir l’instruction – la décision « au fond » qu’il doit rendre dans les prochaines semaines.
Des jugements qui semblent, de plus en plus, indiquer une volonté de ne surtout pas interrompre le chantier. La justice aurait alors la possibilité de considérer que, même si l’autorisation environnementale n’aurait pas dû être accordée, l’avancée du chantier justifie de le terminer. Comme dans le cas du contournement de Strasbourg. Une manière détournée et bien peu courageuse de valider un projet néfaste pour l’environnement.
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