Vingt ans après les faits, l’affaire sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 est jugée actuellement au tribunal de Paris. Celle d’Édouard Balladur, un autre dossier politico-financier, aux enjeux semblables, poursuit son long parcours judiciaire depuis trente ans.
Mardi 21 janvier, la cour d’appel a tranché sur le volet financier de cette affaire de commissions occultes versées à l’occasion de gros contrats d’armement en 1994 avec le Pakistan et l’Arabie saoudite, qui auraient alimenté la campagne présidentielle de l’ancien premier ministre en 1995.
Takieddine en exil au Liban condamné à 4 ans de prison
Alors que celui-ci a été relaxé en 2021 par la Cour de justice de la République (CJR), son directeur de campagne, Nicolas Bazire, a cette fois bénéficié de la même conclusion, lui qui avait été condamné en première instance. Si la cour d’appel n’a donné aucune explication à ce revirement, elle a pu se reposer sur la décision de la CJR, qui estime qu’il n’est pas manifeste qu’Édouard Balladur ou Nicolas Bazire aient décidé ou aient même eu connaissance de l’existence de rétrocommissions dans ces contrats.
L’intermédiaire Ziad Takieddine, aussi au cœur du dossier libyen, ne peut pas en dire autant. C’est lui qui, avec Abdul Rahman El Assir (condamné à quatre ans de prison), aurait mis au point le montage financier comprenant ces commissions.
En première instance, les juges ont estimé que cette intervention était « sans aucune utilité avérée ni justification économique » et n’aurait donc servi qu’à insérer les fameuses rétrocommissions dans les contrats passés entre le fabricant public de sous-marins DCN et le Pakistan ou entre la France et l’Arabie saoudite pour la vente de frégates. En fuite au Liban, Ziad Takieddine a vu sa peine de cinq ans de prison confirmée, comme le mandat d’arrêt émis à son encontre.
11 salariés de la DCN tués
Également prévenu dans le procès dit « Sarkozy-Libye », Thierry Gaubert, suspecté d’avoir fait transiter de l’argent du régime kadhafiste pour le compte de Nicolas Sarkozy, a été condamné en appel à un an de prison ferme dans l’affaire Karachi.
Selon le tribunal correctionnel, il aurait réclamé et récupéré l’argent des commissions pour les injecter dans la campagne d’Édouard Balladur. Enfin, Renaud Donnedieu de Vabres, principal conseiller du ministre de la Défense François Léotard à l’époque des faits, s’est vu infliger quatre ans de prison avec sursis.
Hors recours éventuels, cette décision pourrait marquer la fin de cette affaire. Pour son côté financier et peut-être pour son ensemble. Si la justice française a enquêté sur le lien entre ces contrats et l’attentat de Karachi qui a tué 14 personnes dont 11 salariés de la DCN, elle a annulé, en 2023, toutes les mises en examen allant dans ce sens.
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