De la perdition à la jubilation, il y a des chemins. Celui choisi par le camp présidentiel ne passe pas par l’humilité. Après les élections législatives anticipées du 7 juillet 2024, le groupe Renaissance (devenu Ensemble pour la République) dégringolait de 172 à 99 députés.
Depuis, elle a connu deux gouvernements et des appels à la démission de son président, Emmanuel Macron, venant de la gauche comme de la droite. Mais il aura suffi de deux législatives partielles remportées, dans l’Isère ce dimanche 19 janvier et les Ardennes début décembre, pour la voir tout oublier et renouer avec la fanfaronnade.
« Deux élections partielles, deux victoires face aux agents du chaos, s’est satisfait Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République. Nos compatriotes veulent de l’action et une France en paix. Les Français ne s’y trompent pas. Nos idées ont de l’avenir : au travail ! » Même tonalité du côté du premier ministre et maire de Pau, François Bayrou, qui y voit une validation de la politique menée par ses troupes : « Certaines victoires sont de grande signification, locale et nationale. »
Abstention massive
Pour la dernière en date, il faut dire que le score obtenu par la candidate macroniste, Camille Galliard-Minier, est d’ampleur. Dans la première circonscription de l’Isère, ce dimanche 19 janvier, celle-ci a obtenu 64,28 % des suffrages exprimés contre 35,72 % pour Lyes Louffok, représentant insoumis du Nouveau Front populaire (NFP). Avec des scores particulièrement importants dans les communes les plus rurales, dépassant bien souvent la barre des 80 %.
Des résultats très éloignés de ceux obtenus six mois plus tôt dans ces mêmes communes par Hugo Prévost, élu député avant de devoir démissionner à la suite d’accusations de violences sexuelles. Même à Grenoble, son remplaçant, qui avait sans succès tenté sa chance dans le Val-de-Marne en juin dernier, a déchanté – l’emportant de seulement 30 voix quand son prédécesseur surpassait Olivier Véran, alors candidat macroniste, de 7 841 voix.
Deux différences notables sont à noter. En 2024, le Grenoblois Hugo Prévost a accédé à l’Assemblée nationale à l’issue d’une triangulaire avec la présence du Rassemblement national (RN), contrairement à Lyes Louffok, lequel a bataillé en duel face à une représentante macroniste qui semble avoir profité des voix de l’extrême droite. Par ailleurs, ce dimanche, le taux d’abstention isérois a dépassé les 60 % tandis qu’il n’était que de 25 % en 2024. Un phénomène habituel lors des élections partielles et qui affecte principalement les classes les plus populaires…
Report des voix de gauche dans les Ardennes
Dans la première circonscription des Ardennes, où avait été élu Flavien Termet (RN) avant de devoir démissionner au mois d’octobre pour raison médicale, le tableau est similaire. Dans un second tour marqué par une très forte abstention (69,5 %), le macroniste Lionel Vuibert l’a emporté, cette fois face au RN Jordan Duflot.
Pour trouver trace du NFP, il faut revenir au premier tour, où le socialiste Damien Lerouge a obtenu 10,64 % des voix, soit 7 points de moins que son score de juin 2024. « La reconnaissance du sérieux, de la proximité, du travail de terrain », s’était alors enorgueilli Gabriel Attal, oubliant de rappeler que son candidat a bénéficié d’un report des voix de gauche au second tour.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus