En se réveillant ce lundi matin, la Gen Z étasunienne a poussé un ouf de soulagement. Initialement bannie par le Congrès des États-Unis – une décision confirmée par la Cour suprême vendredi -, l’application TikTok est de retour en force depuis dimanche soir après 13 heures d’absence. La promesse d’un décret suspensif de 90 jours formulé un jour avant son investiture par Donald Trump a permis de sauver l’application.
Durant cette coupure, les 170 millions d’utilisateurs, dont 35 % des 13-16 ans, sur le territoire américain ont eu un message d’attente assez explicite : « Vous ne pouvez pas utiliser TikTok pour le moment. Nous sommes heureux de travailler avec le président Trump afin de réinstaurer l’application dès son investiture ». Le désormais officiellement président apparaît ainsi en sauveur de l’application préférée des jeunes américains. Mais on semble vite oublier qu’avant de sortir TikTok de l’eau, c’est Donald Trump qui l’y a poussé…
« Nous allons bannir TikTok des États-Unis »
À l’époque en guerre contre la Chine et son expansion à la fois économique et culturelle (combat toujours en cours), le président américain voyait d’un mauvais œil l’application présente sur les portables d’une grande partie de la jeunesse du pays. Il avait même déclaré : « Nous allons les bannir ! ».
Une déclaration qui préfigurait un décret interdisant l’application pendant 45 jours, à condition que ByteDance, propriétaire de TikTok, vende le réseau à une entreprise américaine, particulièrement au géant de la tech Oracle ou à Walmart, leader américain de la grande distribution.
Son décret a finalement été rejeté par la justice fédérale, considéré comme un abus de pouvoir de la part de Donald Trump. L’acharnement du président républicain a finalement poussé les autorités américaines à enquêter sur l’application et la récolte des données de citoyens américains par une entreprise basée en Chine.
Retournement de veste
Battu en 2020, Donald Trump n’en a pas moins continué sa campagne de diabolisation de TikTok. En 2022, il critique sur son réseau Truth Social la création du Board Anti-Désinformation du gouvernement américain, reprochant à Joe Biden de s’attaquer à « la liberté d’expression » plutôt que des « menaces réelles comme TikTok, Facebook ou Instagram ».
Il s’attribue également le mérite de la nouvelle lutte contre l’application initiée par le gouvernement Biden, qui interdit à tout membre de l’administration d’installer TikTok sur son téléphone. « Tout le monde veut s’en prendre à TikTok et le détruire en raison de l’influence de la Chine et de la sécurité nationale. Maintenant, ils se rendent compte que j’avais raison » écrit-il en 2023.
L’ennemi juré du réseau social retourne pourtant sa veste juste avant son entrée en campagne pour la présidentielle de 2024. « Si on supprime TikTok, Facebook et « Zuckerschmuck » vont doubler leur business. Ce sont eux les vrais ennemis du peuple ! », affirme Trump sur Truth Social le 7 mars 2024, ciblant Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram et WhatsApp) alors réputé proche des démocrates.
Il enfonce le clou une semaine plus tard, en considérant « Meta comme un plus grand danger que TikTok ». Il rejoint même l’application chinoise en juin 2024. Stratégie payante : son compte est suivi par 15 millions d’abonnés.
« Nous devons sauver TikTok »
Une fois élu, le président milliardaire ne laisse pas tomber TikTok et cherche un compromis à la situation qu’il a lui-même créée. « Nous devons sauver TikTok », a-t-il clamé dimanche à Washington lors d’un dernier meeting avant son investiture, évoquant les « nombreux emplois » en jeu.
Pour l’instant, le bannissement de l’application n’est repoussé que de 90 jours, le temps de trouver une solution pour modifier l’actionnariat de la filiale chinoise propriétaire du réseau social aux États-Unis. « Je voudrais voir une société commune contrôlée à 50 % par des Américains », a écrit Donald Trump sur X. « Sans accord américain, il n’y a pas de TikTok. Avec notre validation, cela vaut plusieurs centaines de milliards, voire milliers de milliards. »
Le PDG de ByteDance, Shou Chew, invité à la cérémonie d’investiture, l’a remercié pour « son engagement pour trouver une solution qui maintienne la disponibilité de TikTok aux États-Unis ». Un message republié par l’application auprès des utilisateurs. Dans un entretien publié par le site USAToday, Jennifer Grygiel, professeure universitaire en communication, conclut : « Trump pourrait sortir comme étant le héros de tout ceci. »
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