Quitter massivement X le jour de l’investiture de Donald Trump ? C’est le plan du collectif « HelloQuitteX ». « À l’heure où X est instrumentalisé jusque dans l’algorithme par Elon Musk à des fins politiques, X est devenu dangereux pour les démocraties. Il est temps de changer », lancent les initiateurs de la campagne.
Parce que ce réseau social (X, anciennement Twitter) porte désormais la haine et « les manipulations globales d’opinion » au service de l’extrême droite, HelloQuitteX propose « d’aider les utilisateurs dans leur déménagement numérique vers des espaces plus sains », sur Mastodonte et Bluesky.
Fondé par le CNRS, la LDH, le SNJ-CGT et la Quadrature du Net notamment, le collectif souligne que Greenpeace, Emmaüs France, la CFDT, Mediapart, Ouest-France ou The Guardian ont déjà décidé de boycotter le réseau racheté par le milliardaire Elon Musk, ministre de Donald Trump.
« Rester sur X en 2025, c’est soutenir le pire »
Plusieurs députés de gauche soutiennent la démarche. « Ce réseau est devenu un vecteur de désinformation massive et de haine. Les présidentielles américaines ainsi que les tentatives d’influence sur les scrutins anglais et allemands ont illustré comment X était utilisé pour manipuler le discours politique. (…). En continuant sur cette plateforme, nous participons à la normalisation de ces pratiques inacceptables », argumentent les élus qui invitent à dévitaliser le réseau, dont Sandrine Rousseau (les Écologiste), André Chassaigne (PCF), Loïc Prud’homme (FI) et Océane Godard (PS).
Tout comme le député macroniste Roland Lescure. « Rester sur X en 2025, c’est soutenir le pire. C’est alimenter la machine folle de la propagande extrémiste, des fausses informations, et de l’algorithme qui promeut violence, racisme, misogynie et la division à tous les étages. C’est cautionner un instrument au service du recul des libertés individuelles, des droits sociaux, de la démocratie », estime le vice-président de l’Assemblée nationale, qui ajoute que rester sur X « c’est financer l’internationale réactionnaire que nous combattons au quotidien ».
« X ne doit pas rester un lieu de non-droit »
Si Roland Lescure est peu suivi à droite, la démarche fait débat à gauche. « Si l’on s’en va, nous laissons des millions d’utilisateurs sans possibilité d’avoir accès à une autre parole que celle de l’extrême droite », estime le député FI Antoine Léaument. « Je comprends qu’individuellement les militants quittent Twitter, c’est devenu extrêmement violent, en particulier pour les femmes. Mais notre rôle en tant qu’élus est avant tout de faire respecter les règles. Elles existent et l’Union européenne se montre complètement incapable de les faire appliquer sur X », mesure l’eurodéputée FI Manon Aubry.
« Il faut poser la question de l’interdiction de ce réseau social en Europe comme la pose l’ancien commissaire européen Thierry Breton », affirme le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. « Il est ahurissant de voir Jordan Bardella parler de liberté d’expression en référence aux tweets d’Elon Musk, alors que les propos antisémites, racistes, xénophobes et homophobes pullulent sur X. Et cela en dépit de la loi Gayssot, portée par le PCF en 1990 », assène Ian Brossat.
Quitter la plateforme n’est pas pour autant la meilleure solution, selon le porte-parole du PCF : « X ne doit pas rester un lieu de non-droit. D’autant plus qu’il a aujourd’hui remplacé le communiqué de presse. » Même son de cloche pour Ninuwé Descamps, chargée de la veille contre l’extrême droite au PS : « Combattre l’extrême droite nécessite de le faire là où ils sont. »
« Aucun réseau n’est parfait, mais X est le seul à s’être donné pour mission de faire triompher l’extrême droite », répond la députée écologiste Cyrielle Chatelain, qui regrette le temps où Twitter permettait des avancées. « Chacun pouvait libérer une parole personnelle, sans filtre, comme avec le mouvement #MeToo, relève-t-elle. Mais, depuis son rachat, je constate de plus en plus de violence et la modération n’est pas à la hauteur. » Une pratique que Facebook semble vouloir imiter. La bataille pour des réseaux sociaux dignes de ce nom ne fait que commencer.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.
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