Washington — Une cour d’appel fédérale a déclaré vendredi illégale la politique d’immigration de l’action différée pour les arrivées d’enfants, jetant un nuage d’incertitude sur plus d’un demi-million d’immigrants illégaux amenés aux États-Unis alors qu’ils étaient enfants avant l’investiture du président élu Donald Trump.
Un panel de juges devant la Cour d’appel des États-Unis pour le 5e circuit a confirmé une décision d’un tribunal inférieur selon laquelle une règle de l’administration Biden visant à codifier la DACA violait la loi américaine sur l’immigration. Le mémo de l’administration Obama de 2012, à l’origine de cette politique, a également été jugé illégal par les tribunaux fédéraux.
La décision de vendredi ne modifiera toutefois pas immédiatement le statu quo. En suspendant son ordonnance, le jury a maintenu le DACA en vie pour les bénéficiaires actuels et l’a fermé aux nouveaux candidats, car le programme fonctionne depuis quelques années.
Depuis plus de 12 ans, la DACA a permis à des centaines de milliers d’immigrants entrés illégalement aux États-Unis ou ayant dépassé la durée de leur visa alors qu’ils étaient mineurs de vivre et de travailler aux États-Unis, sans craindre d’être expulsés. Ils sont familièrement connus sous le nom de « Dreamers », un surnom issu du Dream Act, un effort bipartisan pour les légaliser que le Congrès a examiné, mais n’a pas réussi à adopter, depuis plus de deux décennies.
Tout en confirmant l’ordonnance du tribunal inférieur qui annulait la réglementation DACA de l’administration Biden, le panel du 5e circuit a réduit l’impact de la décision, la rendant applicable uniquement au Texas, l’État à l’origine du procès mené par les républicains contre le programme. Le panel a suspendu sa décision en ce qui concerne les bénéficiaires actuels de la DACA, en attendant une autre décision du 5e circuit ou de la Cour suprême, autorisant la poursuite des renouvellements.
Le panel a également statué que les reports d’expulsion offerts par la DACA pourraient être légalement séparés des permis de travail que reçoivent les bénéficiaires, donnant à l’administration Biden une victoire partielle sur son argument selon lequel les protections contre l’expulsion devraient rester intactes si la disposition relative à l’autorisation de travail est annulée.
Fin septembre 2024, environ 538 000 immigrants étaient inscrits au DACA, selon les services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis, l’agence qui supervise l’initiative. Pour bénéficier de cette politique, les candidats devaient prouver qu’ils étaient arrivés aux États-Unis avant leur 16e anniversaire et avant juin 2007 ; diplômé d’un lycée américain ou inscrit dans l’armée ; et n’avait aucun casier judiciaire sérieux.
La décision de vendredi pourrait ouvrir la voie à la Cour suprême des États-Unis pour enfin régler la bataille juridique qui dure depuis des années concernant la DACA. Mais on ne sait pas exactement comment la nouvelle administration Trump gérera l’affaire et si elle tentera de mettre fin au programme. Alors que le ministère de la Justice du président Biden a vigoureusement défendu la DACA devant les tribunaux, la première administration Trump a tenté d’éliminer progressivement cette politique, arguant qu’elle était illégale. La Cour suprême en 2020 a empêché la résiliation de DACA pour des raisons techniques.
Le ministère de la Justice a refusé de commenter l’ordonnance du tribunal de vendredi.
L’équipe de transition de Trump n’a pas immédiatement précisé comment la nouvelle administration aborderait la DACA. Trump et ses conseillers se sont engagés à lancer une répression radicale contre l’immigration illégale et légale, s’engageant à superviser les expulsions massives de ceux qui vivent illégalement aux États-Unis, à mettre en place des contrôles plus stricts aux frontières et à réduire les admissions légales d’immigrants et de réfugiés.
Le procureur général du Texas, Ken Paxton, a qualifié la décision du 5e circuit de « victoire pour le Texas ».
“J’ai hâte de travailler avec le président élu Donald Trump pour garantir que l’État de droit soit rétabli et que la crise de l’immigration clandestine soit enfin stoppée”, a déclaré Paxton dans un communiqué.
Pendant ce temps, Greisa Martinez Rosas, directrice exécutive de United We Dream, un groupe progressiste qui défend les intérêts des bénéficiaires de la DACA, a dénoncé l’ordonnance du tribunal comme une « attaque » contre les « jeunes immigrants ».
Plus