La campagne pour les élections aux chambres d’agriculture (du 15 au 31 janvier) aura eu au moins une vertu : celle de mettre en lumière les modèles agricoles très différents que proposent les organisations professionnelles en lice. Dernier à présenter son programme, le Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), classé à gauche, a fait valoir ce jeudi 9 janvier sa grande priorité : tout pour les revenus des exploitants.
« Le syndicat majoritaire (la FNSEA, ndlr) a toujours dit qu’il préférait les aides publiques pour compenser la baisse de nos revenus. Ils ont toujours privilégié les aides et les primes au revenu. Nous, c’est l’inverse. Les exploitants doivent pouvoir vivre de leur travail. On a des savoir-faire à valoriser », résume lors d’une conférence de presse en Aveyron Frédéric Mazier, co-président du quatrième syndicat derrière le tandem FNSEA-JA, la Coordination rurale et la Confédération paysanne.
Réorienter la Politique agricole commune
Consolider les revenus des agriculteurs, ce n’est donc pas tout miser sur la PAC. La politique agricole commune, principale pourvoyeuse d’aides et de primes, est à nouveau en négociation à Bruxelles. Le Modef demande un plafonnement des paiements directs, pour éviter que les grandes exploitations raflent la mise, ainsi qu’une réorientation des milliards versés par l’Union européenne, au profit de la bio et des exploitations familiales. « On a vu où nous a mené la PAC en soixante ans : de 2,5 millions de paysans à à peine 40 000 aujourd’hui. Nous, nous soutenons le modèle familial », fait valoir Pierre Couret, tête de liste Modef en Creuse.
Pour l’organisation, la bataille pour les revenus passe d’abord par des prix minimums garantis. « En cette époque où un tiers des paysans vivent sous le seuil de pauvreté, que 300 suicides sont déplorés chaque année, on doit faire en sorte que chacun puisse vivre dignement de son travail. Un prix plancher, et non un prix plafond, c’est la voie indispensable pour savoir où l’agriculteur met les pieds », souligne Pierre Thomas, co-président du Modef.
Ce prix minimum garanti se doublerait de tout un arsenal pour éviter que les exploitants demeurent les dindons de la farce du marché de l’alimentaire. Avec en premier lieu le retour d’un coefficient multiplicateur, en cours jusqu’au milieu des années 1980. Ce mécanisme vise à encadrer les marges des industriels de l’agroalimentaire : à chaque hausse du taux de marge, les prix des productions augmenteraient proportionnellement et mécaniquement.
S’ajouteraient l’interdiction de la vente à perte, l’imposition de droits de douane à l’importation ainsi que la sortie de l’agriculture des accords de libre-échange, la paysannerie française ne pouvant pas lutter à armes égales avec les importations à moindre coût social et sanitaire qui proviennent d’autres continents comme de certains pays européens. Enfin, la France n’étant qu’à 70 % autosuffisante, le Modef appelle à réinstaurer un système de contrôle des productions afin d’organiser une souveraineté alimentaire réelle.
Le mouvement se reconnaît lui-même comme « le plus petit syndicat agricole ». Actif dans 45 départements, le Modef présente 17 listes aux élections. Il compte conserver la présidence de la chambre d’agriculture de Guadeloupe et gagner celle de Guyane et Mayotte.
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