Dix ans après l’attentat à Charlie Hebdo, le PCF a rendu hommage à la rédaction lors d’une soirée placée sous le signe de la défense de la liberté d’expression dans le monde, dont celle de critiquer les religions.
Ne rien céder face à l’obscurantisme. Au siège du PCF, à Paris, des dessins de presse ornent les murs. Sur l’un d’eux, les décombres de Gaza. « Un Dieu ça va, trois bonjour les dégâts », dit une femme griffonnée sur la planche. Pouvoir rire de Dieu et protéger la liberté d’expression est le mot d’ordre de la soirée d’hommage à la rédaction de Charlie Hebdo, qui a été organisée ce mercredi 8 janvier par les communistes, dix ans après la tuerie.
« Dix ans plus tôt, douze journalistes, dessinateurs, policiers et techniciens ont perdu la vie. Coupables d’avoir brandi l’étendard de la liberté. Coupables d’avoir défendu le droit à la caricature et celui du blasphème. Coupables d’avoir entretenu par l’humour la flamme de l’esprit critique. » Ce sont par ces mots que Fabien Roussel, secrétaire national du PCF a démarré l’hommage. « La République est frappée en son cœur. Ces meurtres sont un acte politique en lutte contre la conscience et la dignité humaine, ajoute-t-il. Le droit au blasphème est un héritage de 1789. Nous devons préserver cet esprit révolutionnaire qui caractérise notre République universaliste. » Et Charlie Hebdo partage cet esprit.
Pour une liberté d’expression dans le monde entier
« Oui on peut rire de Dieu, surtout s’il existe », lance l’acteur Christian Rauth aux côtés de Julie Gayet sous la coupole. Pendant les lectures de textes par les deux comédiens, l’assemblée se passe de main en main le dernier exemplaire en date de Charlie. On rit, on se montre des dessins, et on s’arrête sur les premières pages. Le journal satirique dévoile un sondage réalisé avec l’Ifop : 76 % des Français sont pour la liberté de caricaturer. Et la résistance provoquée par le combat de Charlie se diffuse : alors que dans bien des pays la censure sur Internet et la répression médiatique se développent, des peuples du monde entier n’entendent pas se laisser bâillonner. Défendre la liberté d’expression au sein de la République française oui, mais Charlie veut aussi lutter dans le reste du monde, que l’on soit athée ou croyant.
« Jamais l’Église n’a été aussi forte et présente à la Maison Blanche que sous l’arrivée de Donald Trump. En Israël, Benyamin Netanyahou mène une guerre terrible contre le peuple palestinien au nom d’un fondamentalisme religieux terrible », poursuit Fabien Roussel, qui pointe le développement d’un extrémisme religieux protéiforme.
Invité à la table ronde aux côtés de Natacha Polony, ancienne directrice du magazine Marianne, et Richard Malka, avocat de l’hebdomadaire satirique, Gérard Biard affirme que tout un chacun doit se sentir libre de critiquer les religions s’il le souhaite. « Nous pouvons respecter la foi, mais la religion c’est autre chose puisqu’elle exerce un pouvoir. Chacun a le droit de combattre ce pouvoir qui l’opprime. Avec Charlie Hebdo, nous montrons depuis dix ans que c’est possible, et cela peut passer par la caricature », insiste le journaliste.
« Les religions ont leur place dans une République laïque, mais pas les fondamentalistes. Aucune religion ne doit imposer ses choix et projets de société », développe ensuite Fabien Roussel, qui défend la laïcité et la concorde qu’elle permet. De son côté, Richard Malka appelle à se « méfier des religions prosélytes et politiques qui se transforment en dogmes qui veulent régenter la vie des gens : comment on doit s’habiller, s’alimenter, qui aimer ou non, quoi dire ou faire… » La soirée, qui se voulait consensuelle, a cependant évité les débats de fond qui aurait pu avoir lieu, notamment lorsque Natacha Polony a critiqué ce qu’elle appelle le « multiculturalisme ».
En conclusion, Fabien Roussel l’a assuré : le PCF continuera année après année à célébrer le souvenir des personnes assassinées au nom de la liberté de la presse et du droit à la caricature : « La gauche doit continuer à parler de liberté d’expression, à débattre. Elle ne doit surtout pas abandonner ce terrain à l’extrême droite. »
Être le journal de la paix, notre défi quotidien
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.Je veux en savoir plus !