Les zones à faibles émissions (ZFE) vont prendre un tournant décisif en 2025. Quatre agglomérations françaises vont, en effet, muscler leur dispositif antipollution. Les ZFE du Grand Paris, du Grand Lyon, de Montpellier Méditerranée Métropole et de Grenoble Alpes Métropole vont interdire les vignettes Crit’Air 3, correspondant aux voitures diesel d’avant 2011 et essence d’avant 2006, de la circulation à partir du 1er janvier.
Pour rappel, les ZFE visent à réduire la pollution de l’air, en imposant des contraintes accrues sur les véhicules polluants. Leur principe est de limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans un périmètre défini et selon des plages horaires déterminées, par décision des collectivités concernées. Pour circuler, chaque véhicule doit avoir une vignette Crit’Air apposée sur le pare-brise permettant de le distinguer en fonction de son niveau d’émissions de polluants atmosphériques.
« Si nous respirons le même air, nous n’avons pas tous le même salaire »
En France métropolitaine, les véhicules Crit’air 3 représentent 21 % du parc automobile roulant, soit près d’une voiture sur cinq. Rien qu’en Île-de-France, ils concernent plus de 1,12 million de véhicules. Par exemple, la ZFE du Grand Paris est délimitée par l’A86. Si tous les véhicules sont autorisés à rouler sur cette autoroute qui entoure la capitale, les territoires compris entre l’A86 et Paris sont soumis à restrictions.
Dans les 77 communes concernées l’interdiction de circulation est comprise entre 8h et 20h, 7 jours sur 7, pour les bus, cars et poids lourds et du lundi au vendredi, de 8h à 20h, pour les véhicules particuliers, utilitaires légers ou deux roues. Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et ses 50 000 habitants font partie des communes concernées.
« Notre premier réflexe serait de s’y opposer car elles impactent avant tout les classes populaires. Ces dernières possèdent souvent de vieux véhicules car elles n’ont généralement pas les moyens de se procurer des modèles électriques très chers à l’achat. N’oublions pas que si nous respirons le même air, nous n’avons pas tous le même salaire ! », pointe Patrice Leclerc, président du groupe Front de gauche et citoyen.nes de la Métropole du Grand Paris et maire de Gennevilliers.
« 40 000 morts causés chaque année par les particules fines »
L’élu est néanmoins conscient de la nécessité de réduire la pollution atmosphérique. « Nous ne nous opposons évidemment pas aux ZFE. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les 40 000 morts causées chaque année par les particules fines. Pour nous, c’est un enjeu de santé publique », rappelle-t-il.
Afin de répondre aux enjeux environnementaux sans pénaliser les plus pauvres, des concessions ont été obtenues de la part du Conseil de la Métropole du Grand Paris. Début décembre, ce dernier a affirmé qu’aucune amende ne sera appliquée en 2025, qui est qualifiée d’« année pédagogique » pour les automobilistes.
Il a également consenti à rallonger de 12 à 24 jours le « Pass ZFE 24H », permettant de circuler pendant 139 journées pleines chaque année sur simple inscription préalable des automobilistes. Vingt-deux dérogations d’une durée de 1 à 3 ans, valables chaque année, ont également été votées pour faciliter l’activité des professionnels et acteurs économiques qui pourront continuer à rouler dans la métropole.
Favoriser les alternatives à la voiture individuelle
En parallèle de ces dérogations, l’État propose une prime à la conversion allant jusqu’à 5 000 euros et un bonus écologique de 6 000 euros pour inciter les propriétaires de véhicules polluants. Un prêt à taux zéro est également expérimenté depuis 2023.
Des mesures jugées insuffisantes par Hervé Martin, président du groupe communiste et républicain de Montpellier Méditerranée Métropole et adjoint à la ville de Montpellier : « L’État veut se donner bonne conscience avec les ZFE. C’est symptomatique d’une écologie de classe dans laquelle les riches peuvent se payer une voiture propre tandis que les pauvres sont coincés chez eux. Or, il est évident que les véhicules polluants vont continuer de rouler ! Trouver un véhicule moins polluant d’occasion est devenu très compliqué. Les prix du marché ont flambé ! »
Les voitures Crit’air 3 représentent 22 % du parc en région Occitanie, soit un peu de 906 000 véhicules. Afin d’encourager les habitants à changer leurs habitudes, Montpellier a mis en place la gratuité des transports en décembre 2023. « La fréquentation a augmenté de 33 % ! », se félicite Hervé Martin. « Nous avons aussi développé des pistes cyclables ainsi que des aides pour l’achat de vélos électriques », complète-t-il. En dépit de ces dispositifs, la voiture constitue encore, pour beaucoup de Français, le seul moyen de transport.
La Terre de nos batailles
La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.
Il n’y a pas de fatalité.
Nous démasquons les manipulations des lobbies.
Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.
Soutenez-nous.Je veux en savoir plus