Mayotte, envoyé spécial.
Elle a la quarantaine, est enceinte de plusieurs mois, et est assise avec son fils d’environ huit ans sur une natte en osier, déployée par terre, au pied de l’aéroport de Mayotte. Elle était déjà hier, et avant-hier, selon ses dires et les tas de vêtements, emballages alimentaires et jouets étalés sur la natte. Soudain, le petit, forcément perturbé par la fatigue, la chaleur et le stress, rend son repas. C’est la goutte d’eau pour la mère, qui explose devant les aspirants passagers, massés là depuis six heures du matin.
« C’est une honte ! Ça fait quatre jours que j’attends là ! Préfecture de merde ! Si je meurs ici, je jure devant vous que vous allez m’enterrer ! » La scène laisse de marbre le fonctionnaire de la police nationale posté à la seule entrée de l’aéroport Marcel Henry. Le sénateur historique de l’île au Lagon et figure de la lutte pour la départementalisation, qui a donné son nom au bâtiment, n’aurait jamais accepté la situation. Car depuis le passage du cyclone Chido, les pouvoirs ont été concentrés dans les mains de la cellule de crise pilotée par l’État et les préfectures de Mayotte et de La Réunion.