« Il faut que les sanctions tombent. » La sentence est de Bruno Retailleau, lors de l’une de ces toutes premières sorties médiatiques en tant que ministre de l’Intérieur. « Il a raison, nos textes sont trop laxistes », embrayait immédiatement Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR à l’Assemblée nationale. La droite veut imprimer sa marque : s’attaquer au prétendu laxisme de la justice.
En France, les peines prononcées seraient trop légères et leur application éviterait trop souvent la case prison. Toutes sauf une : celle prononcée par la Cour de cassation pour corruption et trafic d’influence contre Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et de l’UMP, dans l’affaire Paul Bismuth.
Il y a « disproportion entre la gravité de la peine et la légèreté des preuves », disait Bruno Retailleau en 2021 lors de la confirmation en appel de la condamnation de l’ancien chef de l’État. « Cette décision est profondément incompréhensible », dit aujourd’hui Laurent Wauquiez.
Le traitement de l’affaire par les médias de droite est à l’avenant. Une « défaite de la justice » et une « atteinte à l’image de la France » pour le Figaro, un « dossier vide sur des faits qui n’existent pas » pour Pascal Praud sur CNews. Et pour TF1, propriété de l’ami Martin Bouygues, ce qui est une première, ce n’est pas qu’un ancien président soit condamné à de la prison ferme, mais qu’on écoute (parfaitement légalement) un suspect et son avocat. Nicolas Sarkozy crie, comme à chaque fois, au complot politique, ce à quoi Bruno Retailleau avait répondu en 2021 par la proposition d’interdire aux juges de se syndiquer.
Le vieux complot des « juges rouges », cher à Berlusconi, Trump et autres avatars de la post-vérité, est utilisé pour masquer une solidarité de classe et nous éviter de voir le fond de l’affaire : un président est condamné pour avoir voulu corrompre un magistrat de la plus haute instance judiciaire de la République. Les multiples procédures qui visent Nicolas Sarkozy dessinent en réalité un système qui révèle l’état de pourrissement de nos institutions.
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