On prend les mêmes et on recommence. Comme si la censure n’avait jamais existé. Comme si les Français n’avaient pas rejeté sa politique à deux reprises. En nommant François Bayrou à Matignon, après un vaudeville pathétique, Emmanuel Macron compte remettre en selle la politique qui a mené le pays dans l’impasse. L’« époque nouvelle » qu’il a promise consiste donc à nommer son soutien de la première heure.
Un homme de 73 ans, vieux briscard de la droite qui prétend aimer le « compromis » et « l’« intérêt général », remplace donc un autre homme de 73 ans, vieux briscard de la droite qui prétend aimer… le « compromis » et l’« intérêt général ». Pire, les conditions de sa nomination – Bayrou aurait menacé le chef de l’État d’appeler à sa destitution s’il ne le nommait pas à Matignon –, en disent long sur la fébrilité d’Emmanuel Macron et la décrépitude de ce qu’il reste du « camp présidentiel ».
Mais le maire de Pau affirme qu’il sera, lui, « un premier ministre de plein exercice ». La précision sonne comme un aveu. François Bayrou doit désormais composer un gouvernement. Les quatre formations du Nouveau Front populaire ont d’ores et déjà annoncé qu’elles refusaient de participer à cette mascarade orchestrée par le chef de l’État, qui ne cède pas d’un pouce sur son projet politique.
Le nouveau premier ministre est comptable de l’échec cuisant de la politique macroniste, de la pauvreté et de la désespérance sociale semées depuis sept ans. Ce choix est suicidaire : il ne garantit en rien la « stabilité » que le président de la République appelle de ses vœux. Il n’est question que de la « stabilité » de son cap politique.
Dans ces conditions, on voit mal comment ce nouvel attelage pourra éviter la censure, à moins de nouvelles compromissions avec l’extrême droite. Maître de la voltige politicienne, ce cynique duo exécutif espère débaucher quelques anciennes figures hollandistes pour tenter de diviser le parti socialiste, et le faire douter en cas de prochaine censure.
Mais le pays va trop mal pour subir ces tambouilles pendant encore trois ans. Les Français ont remis les pendules à l’heure à deux reprises. L’aventure présidentielle de l’autoproclamé « maître des horloges » a commencé en 2017 grâce à François Bayrou. Elle risque de finir, plus tôt que prévu, avec lui.
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