« C’est une catastrophe », s’est écrié Maître Jérôme Borzakian, l’avocat d’Alexandre T et Christophe G. Après presque deux ans de procédures judiciaires, ces deux responsables locaux de la CGT mines-énergie, poursuivis suite à des coupures de courant à Bordeaux (Gironde) durant le mouvement de la réforme des retraites, ont été condamnés, notamment, à 9 mois d’emprisonnement avec sursis, ce jeudi 12 décembre, par la cour d’appel de cette ville. Le conseil des deux syndicalistes a trouvé une seule explication : « une pure justice de classe ».
« Des personnes de la CGT ont coupé le courant, et ils n’ont pas honte de ce qu’ils ont fait, mais il ne s’agissait pas de mes clients » a assuré le conseil des deux hommes à l’Humanité. L’avocat d’Alexandre T et Christophe G, respectivement secrétaire du comité social et économique (CSE) Enedis Aquitaine et secrétaire de la CGT énergie Gironde a annoncé déposer un pourvoi auprès de la cour de cassation.
Des actions qui « défrisent le capital »
Un délibéré d’autant plus révoltant, qu’en première instance, le tribunal correctionnel avait relaxé les deux syndicalistes. L’une des coupures de courant concernées par les poursuites remonte au 23 mars 2023, soit une semaine après le 49-3 et le passage en force de la réforme. Elle avait malencontreusement touché l’hôpital Saint-André, au centre de Bordeaux. Et qu’en est-il de la procédure disciplinaire qui avait été engagée par Enedis à l’encontre des deux militants ? « Ils se sont mangés tous les deux une semaine de mise à pied sans salaire, parce qu’ils sont représentants de la CGT », a dénoncé Jérôme Borzakian.
Avec leur fédération des mines et de l’énergie (FNME-CGT), ces deux « Robin des bois » se sont illustrés par des mises en gratuité du courant produit par le service public. Ces actions ont d’ailleurs valu à 400 militants des poursuites judiciaires et disciplinaires, après des dépôts de plainte, émanant notamment du gestionnaire de réseaux. Pour Maître Jérôme Borzakian, ces actions « défrisent le capital ». C’est pourquoi, « il y a cette tentative de les museler », a-t-il poursuivi. « Pas un seul instant je n’ai été surpris par la répression antisyndicale » a déclaré Maître Jérôme Borzakian.
« Seule la lutte paie »
Ainsi, ce jeudi 12 décembre, les deux hommes ont été désignés coupables de « dégradation et détérioration en réunion des biens appartenant à autrui ». La « mise en danger d’autrui » ainsi que la « complicité de mise en danger » ont également été retenues.
Au-delà des 9 mois d’emprisonnement avec sursis, Christophe G., qui a également été jugé coupable de « pénétration sans autorisation » dans des locaux, a été condamné à quatre amendes de 100 euros chacune avec sursis également. Sur l’action civile, les deux hommes ont été solidairement condamnés à payer 5 000 euros de dommages et intérêts et 1 200 euros, ainsi d’1 euro symbolique. Malgré l’ensemble des peines d’une grande sévérité, pour Jérôme Borzakian, une chose est sûre : « seule la lutte paie ».
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus