La Marche des solidarités sonne la mobilisation générale. Dans la perspective de la journée internationale des migrants, mercredi 18 décembre, cette plateforme en faveur d’une autre politique migratoire appelle, avec 17 collectifs de sans-papiers, de mineurs isolés et de femmes en lutte, à manifester partout en France « contre le racisme d’État et pour l’égalité des droits de toutes et tous ».
Les quatre jours d’actions et de rassemblements débutent ce samedi 14 par une manifestation à Paris (au départ de la place de Clichy à 14 heures). Les plus de trois cents organisations signataires de l’appel de la Marche réagissent à l’annonce faite par le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, de faire voter une nouvelle loi sur l’immigration encore plus restrictive que celle portée par son prédécesseur Gérald Darmanin, adoptée il y a à peine un an.
S’adressant à « toutes celles et tous ceux qui sont effrayé·e·s par la montée du racisme et la perspective d’arrivée au pouvoir du RN », ce collectif revendique au contraire « la régularisation des sans-papiers », « la fermeture des centres de rétention et la liberté de circulation », l’accès au logement, à la santé et à l’école ainsi que l’abrogation de toutes les législations françaises et européennes restreignant les libertés des migrants.
L’accès impossible aux droits
L’impossibilité de faire valoir ses droits à régularisation est une question qui se pose notamment pour les travailleurs sans papiers. L’arrivée de Bruno Retailleau à Beauvau « a totalement bloqué leur régularisation au niveau des préfectures », affirme Gérard Delahaye, membre du collectif confédéral sans-papiers de la CGT. Jusqu’à présent, les militants cégétistes parvenaient localement à obtenir des titres de séjour à des travailleurs occupant, souvent depuis des années, des emplois précaires ou intérimaires, dans des secteurs dits en tension.
« Le ministre de l’intérieur a complètement neutralisé la circulaire Valls grâce à laquelle il était possible de les régulariser », dénonce le syndicaliste. « Aujourd’hui, ils travaillent avec un fusil dans le dos, subissant en plus une précarité sociale et économique », poursuit-il, avant de rappeler « la nécessité de lancer un mouvement de la société civile pour visibiliser le sort réservé aux étrangers ».
Ses propos sont corroborés par la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui alertait dans un avis publié le 11 décembre sur la « dématérialisation des demandes de titres de séjour via l’ANEF : des ruptures de droits graves et massives ». Allant dans le sens de nombreuses mises en garde de la part d’associations, l’autorité administrative indépendante pointe le fait que, parmi les personnes qui pâtissent de la dématérialisation, « un nombre croissant » de victimes sont des étrangers en situation régulière sur le territoire, « parfois depuis de très nombreuses années » et, pour certains, titulaires de titres de séjours pérennes comme des cartes de résidents de dix ans, qui ne parviennent plus à faire renouveler leurs titres.
Une situation politique et administrative déshumanisante qui s’étend de plus en plus en plus aux mineurs isolés. À titre d’exemple, fin 2023, plusieurs départements avaient annoncé refuser ou limiter temporairement l’accueil des mineurs non accompagnés, bafouant ainsi la convention internationale des droits des enfants ratifiée par la France en 1990, ainsi que le code de l’action sociale et des familles.
Pour le collectif des organisations de la Marche des solidarités, « l’immigration n’est pas un problème ». Il compte bien le marteler partout en France jusqu’au 18 décembre.
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