À Trosly-Breuil dans l’Oise, l’heure est à la défense de l’emploi et de l’industrie pour les salariés de Weylchem-Lamotte, où 129 suppressions de postes ont été annoncés sur le site qui emploie actuellement 400 personnes.
Confronté à une concurrence acharnée de producteurs chinois, l’industriel spécialisé dans la chimie, a annoncé vouloir cesser dès 2025 la production d’une molécule chimique utilisée dans la fabrication de produits phytosanitaires, représentant ainsi un quart de son activité.
Une terrible violence sociale
Pour Grégory Dubos, délégué syndical CGT de l’entreprise, la perte d’un gros client était prévisible depuis plusieurs années et la direction n’a jamais anticipé son départ. « Avec ce plan social, Weylchem aura supprimé 239 emplois en 10 ans » alerte le responsable syndical.
Aurélie Trouvé, députée LFI de la Seine-Saint Denis a aussi rejoint le cortège qui a emprunté la route nationale 31, en direction de la mairie. L’entreprise fondée il y a 127 ans, fabrique un composant essentiel de l’amoxicilline, souligne l’élue. « Nous sommes le seul producteur de ce composant en Europe et c’est aussi une question de souveraineté et d’intérêt stratégique pour la France », alerte la parlementaire.
Pour Valentin, petit-fils d’ouvrier de la chimie, la violence sociale qui s’abat sur cette entreprise l’a poussé à rejoindre cette mobilisation. « C’est magnifique de voir des gens se mobiliser sans être sûr de gagner », souligne le jeune étudiant parisien avant de préciser l’importance de la lutte durant cette période d’instabilité politique.
« J’espère qu’une telle journée de mobilisation va pousser les plus indécis à rejoindre le mouvement car c’est le seul moyen qu’on a pour faire plier la direction », nous explique également Nathalie, assistante commerciale depuis 30 ans chez le chimiste du bassin compiégnois.
Une véritable casse industrielle
Ce jeudi 12 décembre, plus de 130 rassemblements, lancés par la CGT et rejoints par Solidaires et FSU, ont été initiés alors que les annonces de plans sociaux se succèdent dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin, Vencorex, PPG…), ainsi que chez des sous-traitants visant de nombreux secteurs (métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie…) un peu partout sur le territoire français. En multipliant les mobilisations, la centrale syndicale a souhaité démontrer la profondeur de la casse industrielle ainsi que la volonté des travailleuses et travailleurs de la combattre. La CGT a dénombré près de 300 plans sociaux sur le territoire avec 300.000 emplois menacés ou supprimés.
« Des urgences sociales, il y en a partout dans le pays », a déploré Sophie Binet, venue aux côtés des salariés des Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan) où « 400 emplois sont en jeu ». La leader, qui dénonce une nouvelle fois « cette saignée industrielle », a imploré la nomination d’”un Premier ministre qui réponde aux urgences sociales, alors que le nom d’un nouveau locataire à Matignon se fait toujours attendre.