Même pas six mois après sa prise de RMC-BFM, l’armateur marseillais CMA-CGM ampute le groupe de média de son antenne francilienne. Écran noir pour BFM Paris-Île-de-France à compter du premier semestre prochain.
Fraîchement nommé à la tête de l’ensemble de chaînes, l’ex patron de M6 Nicolas de Tavernost et le nouveau directeur général délégué à l’information du groupe, Jean-Philippe Baille, l’ont annoncé en comité social et économique (CSE) ce mardi matin 10 décembre. Un CSE extraordinaire se tiendra en cette fin d’année ou début 2025 pour définir les contours de cette décision fracassante.
La trentaine d’employés de la chaîne locale pourront être rebasculés vers d’autres rédactions, a assuré la direction. Parmi eux, certains pourraient néanmoins être tentés de faire valoir la clause de cession, un dispositif permettant de quitter une entreprise de presse avec des indemnités lors d’un changement de propriétaire.
Promesses d’investissements massifs
Depuis le 1er octobre, ouverture de cette période qui court jusqu’au 31 mai, plus de 30 journalistes ont déjà choisi de lever l’ancre. Si l’annonce a fait l’effet d’une bombe, les salariés avaient déjà appris avec stupeur, dans un article de la Lettre, le 27 novembre que Rodolphe Saadé, le président de CMA-CGM, envisageait de fermer la chaîne, lancée en 2016, au vu des 2 à 3 millions d’euros de pertes enregistrées par an.
Dans un communiqué, les syndicats CGT et SNJ avaient alors partagé « leur consternation » : « En quelques mois, les paroles d’un actionnaire qui promettait des moyens financiers conséquents lors de son intervention auprès des élus du personnel en mars dernier ont très mal vieilli. »
Cité dans un communiqué interne, cette fois du SNME-CFDT, le directeur des ressources humaines de RMC-BFM, Jules Neutre, avait néanmoins tenté d’éteindre l’incendie : « Aujourd’hui, aucune décision n’est prise, il y a un plan stratégique sur l’ensemble des BFM Régions qui est en cours d’élaboration par Philippe Antoine (directeur des dix chaînes locales, NDLR). »
De son côté, Jean-Philippe Baille, avait ajouté : « Nous attendons le plan de Philippe Antoine et nous prendrons ensuite une décision. Il y a un sujet depuis des années sur BFM Paris. Vous le savez et nous le savons. Le plan de Philippe Antoine est sur trois ans. Je me laisse le temps de prendre une décision. » Le document devait être remis à Nicolas de Tavernost par le directeur des dix chaînes locales qui avait, lui aussi, annoncé son départ mercredi 4 décembre, emboîtant le pas à de nombreux chefs.
L’homme d’affaires, Rodolphe Saadé, avait souhaité en mars « que tout le monde reste » et promis aux représentants du personnel des investissements massifs. Pourtant, les salariés assistent à une hémorragie au sixième étage, celui de la direction, ainsi qu’à une fermeture d’antennes et à des audiences en chute libre. La réputation de cost-killer du milliardaire marseillais, fondée sur sa reprise en main de La Provence, pourrait bien être en train de le rattraper.
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