Il n’y a aucune solution véritable, pour résoudre la polycrise en cours, dans les artifices de communication, dans les refrains d’une langue recopiés à longueur de journaux et répétés à longueur d’émissions par les apôtres du système, pour faire peur, pour en appeler à la soumission.
Ces mots égrenés sont ceux de la féroce lutte que mènent les forces du capital contre le monde du travail et de la création. Le combat que mènent les classes possédantes contre l’immense majorité.
Des mots qui portent les projets d’allégeance aux dominants et aux puissants comme ceux de la nécessaire recherche de « stabilité », ceux qui en appellent à « la raison » ou à « la maturité », ceux qui invoquent « la dette qui menace » ou « un nécessaire compromis », etc. Et, alors que dire de ce mot choc de « chaos » ? Peut-être que les images d’Alep, de Gaza, de Marioupol, du corridor Seco au Honduras englouti par les eaux, ou, dans un autre ordre d’idées, celles de la détresse des licenciés des 300 plans de sabordage de l’emploi en cours ou celles de petits paysans écrasés de dettes qui décident de mettre fin à leurs jours… que toutes ces images de chaos bien réels, eux, échappent aux locataires de quelques palais bien garnis.
Ceux, qui après avoir voulu faire croire à la disparition du jour au lendemain de la carte vitale si leur budget de la Sécu n’était pas voté, se gargarisent d’un mensonge éhonté supplémentaire, selon lequel la France emprunterait au même taux d’intérêt que la Grèce il y a dix ans, durant sa crise provoquée par les marchés financiers. En Grèce, les taux d’emprunt étaient de 35 %, ils sont à peine de 3 % pour le Trésor français. C’est déjà trop. Mais le mensonge est gros. De même, accuser la gauche d’être responsable des actuelles impasses ne sert qu’à faire oublier l’existence du peuple travailleur, actifs et retraités qui n’en peuvent plus des fins de mois difficiles, de l’incertitude pour l’avenir des enfants et qui demandent de changer de pouvoir et de société.
Soyons sérieux ! Personne ne voulait du budget gouvernemental écrit sous la dictée des fonds financiers, du grand patronat et de la Commission européenne. Même les collectivités locales dirigées par des élus aux opinions différentes le contestent.
La crise politique qui mute en crise de régime prend sa source dans le profond rejet des politiques de droite mises en œuvre et dans les pratiques politiques jupitériennes qui incommodent jusqu’aux parlementaires macronistes.
C’est la crise d’un système politique qui franchit une nouvelle étape avec le refus, non seulement, de reconnaître les résultats des législatives de juillet, mais plus encore, de prendre en compte les votes des députés sur les projets de budgets de la nation et de la Sécurité sociale. C’est la raison de la tentative de les imposer par l’alinéa 49.3 de la Constitution.
La censure d’un tel budget n’est pas le résultat de telle ou telle combinaison politique, mais le résultat d’une absence de majorité, au sein du peuple lui-même, pour franchir une nouvelle étape dans l’austérité, la destruction des services publics et de la braderie de nos atouts industriels ou agricoles. Étape qui fera encore plus souffrir l’immense majorité, alors que coulent à flots, à un pôle de la société, profits, surprofits, dividendes et évasion fiscale toujours gonflés des cadeaux fiscaux et sociaux au grand capital.
Celui-ci veut tout à la fois disposer de mandataires sûrs au gouvernement et à la présidence de la République et fracturer le mouvement populaire et la gauche. Ses serviteurs peuvent revêtir différents habits, avoir différents visages, prendre différentes formes, faire valoir une multitude d’artifices politiques pour rabâcher sans cesse les mêmes mots, les mêmes discours obligeant à raisonner uniquement dans le cadre d’un système vermoulu qui n’a que faire des êtres humains et de l’avenir de l’humanité.
Faire perdurer le capitalisme est leur tâche. Pomper toujours plus les fruits du travail de toutes les catégories de travailleuses et travailleurs pour les transférer aux puissances d’argent, est leur mission essentielle. Voilà le sens de leurs incessants appels à « la raison » à « la stabilité » ou au « compromis » qui ne serait que compromission.
Autrement dit, ils veulent continuer à enfermer le peuple dans la cage de la raison capitaliste et de la « stabilité » d’un système d’exploitation et de domination que rejette l’immense majorité de nos concitoyens. Un système en perdition qui mêle désormais guerre sociale, guerre économique et guerre militaire, soutenues par l’artillerie de la guerre idéologique.
Comparaison est parfois faite avec la censure contre le gouvernement Pompidou en 1962. C’est faire fausse route, ou minimiser les enjeux. En 1962, il s’agissait précisément d’ouvrir le chemin à l’actuelle Constitution.
Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la crise de la République que provoque cette Constitution, et les impasses d’un nouveau capitalisme financiarisé et mondialisé, contesté par une majorité de nos concitoyens.
Ainsi, même s’il faut continuer à débattre au sein du Parlement, faire des propositions de lois nouvelles, amender, aucune illusion ne doit désormais détourner du combat fondamental : construire une unité populaire pour changer de politique et de système dans un processus communiste démocratique de transformation sociale et écologique, d’actions pour la paix et la justice.
L’appel du capital et de ses porte-paroles à des « compromis » n’est rien d’autre que la recherche de l’insertion du peuple et d’une partie de la gauche dans la cage des politiques austéritaires, antisociales, anti écologiques, antidémocratiques et militarisées. Présentées comme les seules politiques possibles, elles devraient faire l’objet d’un gouvernement d’union nationale déguisé soit en gouvernement d’intérêt général voir d’un gouvernement Républicain.
Où est l’intérêt général quand on refuse d’abroger la loi des 64 ans imposée autoritairement par la mécanique du 49-3 ? Et, on nous parle d’accord de « non-censure ! Mais à quel moment parlera-t-on de désarmer le pistolet braqué sur la tempe parlementariste de marque « 49-3 », afin de laisser le Parlement réellement délibérer ? Où est donc l’intérêt général quand on saigne les travailleurs, les assurés sociaux, les consommateurs, les petits paysans et artisans pour grossir le magot des possédants ?
S’aventurer dans ces méandres politiciens, c’est briser l’espoir. Cet espoir né des exigences des citoyens à construire le Nouveau Front populaire. Un front populaire qui doit sans cesse s’élargir ; s’ouvrir, fleurir partout en mettant les partis de gauche au pied du mur.
Un Front unitaire, populaire et progressiste, oxygéné en permanence des aspirations populaires et d’idées neuves pour construire – sans attendre un hypothétique « grand soir » – une alternative anticapitaliste et progressiste, particulièrement sur les lieux de travail. C’est là qu’il faut briser les chaînes de la subordination du travailleur, l’émanciper d’un contrat de travail aux conditions du seul employeur. Là est le nœud de la crise démocratique. Gagner le pouvoir réel des collectifs de travailleurs sur le travail et la production est la voie pour sortir de l’exploitation et de l’aliénation tout en préservant la nature et le vivant. Là est la condition d’une cohérence politique, sociale, écologique, démocratique, progressiste nouvelle.
Il convient de réfuter avec force, d’un même mouvement, ce fumeux concept de « l’égalité des chances » au profit de la promesse républicaine de « l’égalité des droits ». Ceci suppose d’enrichir le droit à la citoyenneté et de faire entrer celle-ci sur les lieux de travail. C’est le moyen d’enrayer ce qu’on nomme la « crise démocratique ». En sortir implique de sortir des creux débats qui ne combattent en rien le présidentialisme dès lors que, derrière les critiques, on lui laisse la main avec ses « grands débats », ses « conventions citoyennes », ses « réunions de Saint Denis », ses manœuvres avec ses « convocations » sélectives élyséennes. La question essentielle est celle du respect de la souveraineté politique dans la cité et de la souveraineté des ouvriers, des employés des paysans, techniciens et chercheurs sur leur travail et sur le vivant. De même, une politique neuve doit s’attacher à changer la nature des relations internationales et promouvoir la paix comme bien commun. Mais il n’y a pas de paix sans porter un projet de justice sociale et écologique.
Les prétendus « compromis » ne traitent évidemment pas de ces enjeux cruciaux pour le genre humain et un meilleur « pouvoir de vivre » pour chacune et chacun. Pis, voici que ceux que l’on baptise les libéraux partisans de « compromis » commencent à avoir les yeux de Chimène pour l’homme de Buenos Aires qui détruit les services publics et les budgets sociaux argentins à la tronçonneuse. Il est aussi surnommé le Trump de la Pampa : Milei.
Nous ne sommes plus en 1946, ni même en 1981. La question posée aujourd’hui comme jamais est celle de l’après-capitalisme.
Quand on est de gauche, on ne retarde pas ce processus. Au contraire, on aide les travailleurs et les citoyens à ouvrir les portes de ce futur. Faute de le faire, alors qu’une majorité de gens cherchent des voies d’alternatives, le risque existe de laisser le champ libre au pire. Il faut donc briser la cage dans laquelle on enferme les débats et les réflexions.
Par exemple, pourquoi rester uniquement enfermés dans des débats autour du budget de la Sécurité sociale, alors qu’il faudrait rendre sa gestion aux travailleurs contre l’étatisation actuelle ? Point besoin de censure dans ce cas, puisque le Parlement n’aurait pas à en débattre. Il serait l’affaire des seuls producteurs, ainsi que l’avait conçu Ambroise Croizat.
Il n’y a pas non plus de compromis possible sur le statut de la fonction publique conçu par Maurice Thorez, repris par Anicet Le Pors, que veut détruire le pouvoir.
Pourquoi s’enfermer dans des débats autour de la dette et ne pas montrer que les 60 milliards d’euros d’intérêts de cette dette équivalent le niveau des réductions budgétaires qu’envisageait le gouvernement précédent et que reprendra le prochain ? Qui et comment a été créée cette dette ? Faisons l’addition des cadeaux au grand capital et des versements des intérêts depuis le mitant des années 1980 et on aura une réponse. Pourquoi les marchés financiers décident de la vie quotidienne des familles de plus en plus nombreuses à ne plus pouvoir finir le mois ? Est-ce normal ? Est-ce fatal ? Non. Pourquoi la création monétaire est du seul ressort d’une Banque centrale qui fait ce qu’elle veut alors que la monnaie et sa création devraient être un bien commun, sous contrôle citoyen, destiné aux échanges et non à la spéculation ?
Le moment est venu de porter le fer sur les verrous du capitalisme sans se laisser enfermer dans ce qui nous est présenté comme la démocratie parlementaire. Il ne s’agit pas de la nier mais d’en voir les limites pour libérer une intervention populaire qu’aucun pouvoir ne pourra nier.
L’ordre du jour n’est pas de rafistoler le système, il n’est pas non plus à la sécrétion du venin des divisions à gauche ou à l’attente de la prochaine élection présidentielle, mais à casser les barreaux de fer de cette cage qui nous enferme dans la logique capitaliste. Porter au quotidien dans l’action unitaire « l’après-capitalisme » est la condition pour recréer l’espoir. Oui, brisons la cage.
Avant de partir, une dernière chose…
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