Elle aurait pu ne plus être, Notre-Dame vient pourtant de renaître. Ce samedi 7 décembre, cinq ans après le terrible incendie du 15 avril 2019 qui a bien failli la mettre à terre, la cathédrale a rouvert ses portes à l’occasion d’une cérémonie ouverte par l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich. Dans les allées, un certain nombre d’invités diplomatiques. Le nouveau président américain, Donald Trump, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ou encore le président allemand, Frank-Walter Steinmeier. Tous ont pu assister à l’auto-couronnement de leur homologue français, Emmanuel Macron, comme sauveur en chef de ce trésor gothique et héritier d’un « cortège de bâtisseurs ».
En introduction de la cérémonie, le ton est immédiatement donné par la diffusion d’un clip vidéo reprenant les propos du chef de l’État le soir même de l’incendie. « Je donne un horizon court parce que c’est ce qui redonne de l’espérance à échelle humaine », l’entend-on alors dire, le visage grave. Après un hommage accordé aux sapeurs-pompiers de Paris et aux artisans-bâtisseurs de la reconstruction, longuement ovationnés par le millier d’invités présents, Emmanuel Macron reprend la parole, cinq ans après, pour se féliciter que « les cloches sonnent à nouveau ». « Comme elles ont sonné pour les onze rois qui ont vu s’élever la cathédrale, pour Saint-Louis ramenant la couronne d’épine, pour Henri IV, pansant les blessures des guerres de religion, pour le vœu de Louis XIII et les victoires de Louis XIV, pour Napoléon se sacrant lui-même », énumère-t-il. « Pourtant, nous aurions pu ne jamais réentendre sa voix », fait-il remarquer, mais c’était sans compter sur un choix éclairé. Le sien bien sûr : « Nous avons choisi le sursaut, la volonté, le cap de l’espérance pour rebâtir Notre-Dame de Paris plus belle encore en seulement cinq années ».
Des messages politiques cachés ?
Le président n’a cependant pas manqué de saluer toute la chaîne de « tous les métiers réunis » pour sa reconstruction et leur « fraternité ». Ce sont eux les véritables sauveurs de Notre-Dame. « Des échafaudeurs, grutiers, cordistes, électriciens, forestiers, scieurs, équarrisseurs, charpentier et taillandier, menuisiers d’arts, fondeurs, serruriers, patineurs, artisans de la pierre et maçons, historiens, conservateurs et architectes », liste-t-il. Plus de 2000 personnes qui « se sont inscrites dans la chaîne de ceux qui depuis le XIIIe siècle ont bâti Notre-Dame ».
Dans un contexte politique agité, au lendemain de la censure de son dernier premier ministre, Michel Barnier, et que la pression est de plus en plus forte sur un président aux abois, les messages cachés étaient forcément recherchés dans ses mots. Faut-il en voir certains lorsque le président évoque « adversité » et « fragilité » ? « Notre-Dame est la métaphore heureuse de ce qu’est une nation. La fraternité d’un peuple déterminé à faire de grands choix. Volonté de transmettre et d’espérer. Tel est le sens de ce travail et de notre présence ce soir. Nous nous inscrivons dans ce cortège de bâtisseurs, nous révélant à nous-mêmes face à l’adversité ». Et de conclure : « Et nous, il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d’humilité et de volonté. Et n’oublier jamais combien chacun compte ».
Ce jeudi, à l’occasion de son adresse aux Français, Emmanuel Macron avait déjà comparé la réouverture de Notre-Dame et la marche du pays. « Ce chantier qu’on croyait impossible, rappelez-vous, eh bien nous l’avons fait, expliquait-il face à la caméra. Nous l’avons fait car il y a eu un cap clair, une volonté et parce que chaque femme et chaque homme ont travaillé dur : responsables publics, fonctionnaires, salariés, compagnons, bénévoles… chacun a eu un rôle essentiel pour une cause plus grande que nous tous ». Métaphore et transcendance permettent pourtant rarement d’éteindre les crises politiques. Et encore moins de connaître le même sort que Notre-Dame : sauvetage inespéré et renaissance.
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