Un nouveau coup dur pour cette figure de la lutte contre la vie chère en Martinique. Trois jours après que Rodrigue Petitot a été condamné, à dix mois de prison ferme aménageable pour des faits d’intimidations à l’encontre des maires de l’île, le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC), a été placé, jeudi 5 décembre, en détention provisoire. « Le R » restera écroué jusqu’à son procès le 21 janvier aux termes de la décision de la cour, qui a délivré un mandat de dépôt.
Il s’agit d’une décision de la cour d’appel de Fort-de-France, dans l’affaire d’irruption au domicile du préfet de l’île le 11 novembre. « C’est une décision de justice qui est commandée peut-être par des motifs politiques », a fustigé Maître Georges-Emmanuel Germany, l’un des trois avocats de Rodrigue Petitot, à l’issue de l’audience de jeudi. Son confrère Maître Eddy Arneton a dénoncé « une défaite de la justice » en s’adressant aux centaines de sympathisants du RPPRAC regroupés aux abords de la cour d’appel. « On va se battre jusqu’au bout pour obtenir justice », a-t-il poursuivi.
Une intrusion pour obtenir un rendez-vous avec le ministre des Outre-mer
Le dirigeant du RPPRAC avait été interpellé le 12 novembre pour des faits de violation de domicile. En effet, la veille, il s’était introduit en compagnie de trois autres personnes dans l’enceinte de la résidence préfectorale dans le quartier huppé de Didier à Fort-de-France. Une intrusion dont l’objectif était d’obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, qui est arrivé lundi 11 novembre au soir pour une visite de quatre jours. Celui-ci avait clamé être « disposé à rencontrer tout le monde » sur l’île, y compris les dirigeants du RPPRAC.
Après son interpellation, Rodrigue Petitot avait d’abord été placé sous contrôle judiciaire, le 15 novembre, lors d’une audience de comparution immédiate. Mais le parquet de Fort-de-France avait fait appel de cette décision. Jeudi 21 novembre, trois membres du RPPRAC avaient également été interpellés.
Des manifestants ont protesté contre la détention provisoire
Ce placement en détention provisoire du jeudi 5 décembre a poussé une soixantaine de manifestants à se regrouper à Fort-de-France aux abords d’un supermarché du chef-lieu de la Martinique pour protester, a indiqué une source policière à l’Agence France Presse. Trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, selon la même source.
Rodrigue Petitot avait aussi été reconnu coupable, lundi 2 décembre, d’intimidations à l’encontre des maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable. Il avait réclamé aux élus de fermer les mairies. « Démontrez-nous que l’on peut compter sur vous. On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l’extérieur comme de l’intérieur », avait-il déclaré.
Depuis septembre, le collectif a lancé un puissant mouvement, au travers des réseaux sociaux, pour exiger un alignement des prix des produits alimentaires sur l’Hexagone. Un accord, non approuvé par le RPPRAC, avait été convenu portant l’essentiel d’une baisse des prix sur les finances des collectivités.
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