La décision a été prise immédiatement, sans une once d’hésitation. Avec deux jeunes enfants, un travail, une vie militante, il n’était absolument pas envisageable d’agrandir la famille. Françoise a 26 ans lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte.
Nous sommes en 1973, la loi de 1920 réprimant la simple incitation à l’avortement est encore en vigueur. « Au secteur des femmes du Parti communiste, on se battait pour la reconnaissance de la contraception, de l’IVG. J’étais une militante déterminée et je n’ai pas du tout culpabilisé », affirme-t-elle.
À l’époque, elle travaille dans la fonction publique et vit à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Une amie, médecin, lui propose de lui poser une sonde dans le col de l’utérus. Il fallait la laisser en place quatre ou cinq jours, jusqu’aux saignements indiquant que l’œuf était infecté. « Ça n’a pas fonctionné par ma faute. Je n’avais pas bien compris le procédé, j’ai ôté la sonde trop tôt. » Des connaissances du Planning familial lui parlent alors de la Hollande, où la pratique de l’avortement est légale, tout comme en Angleterre ou en Suisse.
500 femmes mouraient chaque année d’un avortement clandestin
Les choses s’organisent vite. « Avec mon mari, on a fait le voyage dans la journée. On n’est même pas restés