« Pas touche à nos communes, elles doivent vivre », lance une voix au 106e congrès des maires par-dessus le bourdonnement de la foule. Venus de toute la France du 19 au 21 novembre, édiles et élus ajustent des écharpes tricolores peintes en noir autour de leurs épaules. Un geste simple pour exprimer leur colère face aux baisses des versements de l’État.
« Si nous continuons à être méprisés de la sorte, les prochains gilets jaunes seront les écharpes tricolores que nous recouvrons aujourd’hui de noir », ironise David Lisnard en cette journée d’ouverture. Pour le président de l’association des maires de France (AMF) et édile des Républicains de Cannes, l’objectif est de redresser les comptes publics. « Si nous continuons à être méprisés, ce sera la fin de l’État et de la nation », poursuit-il sans évoquer sa famille politique à la tête du gouvernement qui est en partie responsable de la situation des communes.
« Nos budgets sont votés à l’équilibre »
« Ce noir représente la tristesse face au traitement des élus locaux. Mais c’est aussi une image de la révolte qui nous anime pour que nous puissions retrouver notre capacité de marche en avant au service de la France dans son ensemble et de chacun de nos territoires », ajoute André Laignel, vice-président délégué de l’AMF et maire socialiste d’Issoudun (36), au micro de Public Sénat.
Le gouvernement de Michel Barnier prévoit des économies à hauteur de 5 milliards d’euros pour les collectivités. Or, ces dernières « ne sont pas responsables du déficit de l’État », affirme Anne Hidalgo. La maire socialiste de Paris a tenu à se rendre au congrès des maires pour prendre la parole à l’auditorium : « Ce n’est pas juste que des anciens et nouveaux ministres viennent sur les plateaux télévisés pour proférer des mensonges, poursuit-elle, micro en main. Nos budgets sont votés à l’équilibre. La réduction de marges de manœuvre résulte des mesures imposées par l’État. »
La colère gronde partout au congrès. « Lorsqu’on regarde de plus près, c’est presque 11 milliards d’économies qui vont impacter nos services publics et nos populations. Les collectivités sont mises sous tutelle par l’État et n’ont plus aucune autonomie financière », regrette Denis Öztorun, maire PCF de Bonneuil-sur-Marne (94).
Une asphyxie des collectivités territoriales qui ne date pas d’hier. « Chaque maire se souvient de la taxe professionnelle supprimée par Nicolas Sarkozy ou encore de la suppression de la dotation globale de fonctionnement (DGF) par François Hollande conseillé par Macron », énumère le communiste qui ne voit aucun changement d’années en années.
« Peu importe nos couleurs politiques »
Pour sa consœur PCF de Mitry-Mory (77), Charlotte Blandiot-Faride, les gouvernements successifs s’attaquent directement à la population en ne leur donnant aucun moyen de prospérer. « L’été dernier, dans ma commune, on nous a promis de recruter plus d’AESH pour les enfants handicapés. Forcée de constater que depuis la rentrée scolaire ce n’est toujours pas le cas. Ce sont des charges qui nous incombent, souffle celle qui est élue au bureau exécutif de l’AMF. Mais nous ne pouvons pas laisser un enfant seul à la cantine alors qu’il doit être accompagné, c’est inconcevable. Donc en attendant, d’autres personnes doivent assurer le rôle d’AESH. Mais ce n’est pas leur travail. Nos villes ont besoin de moyens. » Les communes bricolent pour pallier les restrictions budgétaires actuelles et à venir.
En ces temps de crise, porter l’écharpe noire est un « symbole d’union, et cela peu importe nos couleurs politiques », souligne Charlotte Blandiot-Faride. Car en France, il est rare qu’un maire accepte de voir ses finances attaquées. Résister est une solution provisoire pour éviter la mort des communes. Chaque ville doit pouvoir garder ses capacités d’action.
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