De gros pinceaux trempent dans des seaux de colle, des feuilles aux lettres tracées en noir sont plaquées au mur. Les caractères finissent par s’assembler dans un balai organisé et structuré : tandis que certains collent, des activistes s’occupent de surveiller la venue de la police, protègent le groupe de potentielles agressions de la part des riverains. Le mouvement Collages Féminicides Paris (CFP), créé en 2019 par Marguerite Stern avant d’en être écartée pour des propos transphobes, fête ses cinq ans d’existence sur les murs de la capitale et de sa banlieue proche.
Dans la pénombre de la nuit tombée, rue du Chevaleret, dans le 13e arrondissement de Paris, une revendication apparaît : « Un quinquennat de collages, les féministes sont dans la rue, pas au gouvernement ». L’opération se déroule toujours tard le soir, déployant un arsenal de précautions. Et pour cause : les affichages dans l’espace public sont illégaux et punis par le Code pénal.
« Rien ne change politiquement »
Ce mouvement de désobéissance civile auto-organisé est à l’origine d’un renouvellement des méthodes d’actions féministes. Autre message de cette soirée d’anniversaire : « Le féminisme sauve des vies ». Ou bien encore : « On colle la nuit pour que l’égalité voie le jour ».