La précarité énergétique est en pleine expansion, dopée par la hausse des prix de l’énergie. « Sur ce front, les indicateurs témoignent d’une forte dégradation », a résumé Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre (FAP), en annonçant la tenue ce 12 novembre d’une nouvelle journée annuelle contre ce fléau qui affecte la vie quotidienne de plus de 12 millions de personnes. En 2023, pour la première fois, la barre du million de ménages confrontés à des coupures ou à des limitations de courant en raison d’impayés a été dépassée.
Cela représente une hausse de 40 % depuis 2019. Autre signe de dégradation, dans le baromètre annuel du médiateur de l’énergie publié au début du mois, 30 % des sondés disent souffrir du froid, soit deux fois plus qu’en 2020, et 75 % affirment restreindre leur chauffage pour réduire leurs factures. 42 % des foyers sont aussi exposés à des chaleurs excessives en été, soit 26 % de plus qu’il y a dix ans. Un chiffre d’autant plus inquiétant qu’avec le dérèglement climatique, « le nombre de canicules va doubler d’ici à 2050 », a rappelé Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat (RAC).
Des effets sur la santé
« Vivre dans un logement froid, mal ventilé, humide, trop chaud affecte gravement la santé, la sécurité et la vie des personnes. Cela accroît aussi les risques d’incendie et d’exclusion sociale, avec des effets dramatiques sur la santé mentale, l’estime de soi, la vie familiale et professionnelle, l’éducation », souligne Christophe Robert. Les adultes qui y sont confrontés sont 48 % à souffrir de migraines et 22 % à être atteints de bronchites chroniques (contre respectivement 32 et 10 % en population générale).
Chez les enfants, 30 % sont atteints de sifflements respiratoires, contre 7 % chez ceux qui habitent des logements chauffés et isolés. En 2022, une étude de France Stratégie avait estimé à 10 350 le nombre de décès annuels dus à « l’inefficacité énergétique des logements », avec un coût important en termes de dépenses de santé. Le phénomène a aussi un impact climatique puisque avec 4,8 millions de passoires thermiques, et une flopée de logements mal isolés, le bâti représente 18 % de nos émissions de carbone.
Malgré ces urgences, on assiste à un désengagement de l’État, sur fond d’économies budgétaires. Première victime, le chèque énergie, soutien des ménages les plus pauvres et donc les plus affectés par la précarité énergétique. D’une valeur de 150 euros, inchangée depuis 2019 malgré la hausse des prix, il était jusque-là versé automatiquement. Désormais, il faudra s’inscrire en ligne sur une plateforme pour l’obtenir. En raison de la fracture numérique, on sait que cela va entraîner une chute très importante du nombre de bénéficiaires.
Également mise à mal, la rénovation énergétique des bâtiments, qui devrait idéalement concerner 600 000 logements par an. Début 2024, le gouvernement est revenu sur la promesse faite l’année précédente d’y consacrer 4 milliards d’euros via le financement de MaPrimeRénov en annonçant plus d’un milliard de coupes.
La journée de lutte contre la précarité énergétique, ce sont des milliers d’événements à travers toute la France. À retrouver sur https://www.journee-precarite-energetique.fr/
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