L’avenir de Fret SNCF rentre dans le dur. D’un côté, François Durovray qui a confirmé le plan de discontinuité entrepris par son prédécesseur, Clément Beaune, en mai 2023. « Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller au bout du processus. Deux nouvelles sociétés seront créées début 2025 pour remplacer Fret SNCF », affirmait, le 28 octobre, le ministre des Transports. Ce lundi, les noms de ces dernières ont été dévoilés : Hexafret, dédiée aux activités de transport de trains mutualisés, et Technis, pour la maintenance.
De l’autre côté, les syndicats (CGT, Unsa, SUD et CFDT) de la SNCF, qui appellent à la grève le 21 novembre. « Nous ne laisserons pas passer le train de la liquidation de Fret SNCF, de la privatisation dans les activités TER, Transilien et Intercités et de l’éclatement de SNCF Réseau. » Une journée pensée tel un « ultimatum », avant un potentiel durcissement du mouvement, courant décembre. « Des solutions existent pour faire perdurer Fret SNCF. La proposition de moratoire de la commission d’enquête parlementaire est toujours sur la table », mesure Cédric Robert, secrétaire fédéral CGT cheminots.
Dépôt d’une alarme social et inquiétude sur l’avenir d’Hexafret
Cette grande braderie fait suite à l’ouverture d’une enquête de la Commission européenne sur des 5,3 milliards d’euros d’aide perçus par Fret SNCF entre 2007 et 2019. Pour éviter une condamnation et dans la crainte d’un remboursement de ces aides, l’exécutif s’était hâtivement attelé à une liquidation en trois axes : la perte de 23 des meilleurs flux au profit de la concurrence, le fractionnement en deux entreprises de Fret SNCF et l’ouverture du capital de Rail Logistics Europe, fin 2025 ou début 2026. Holding de la SNCF, cette dernière regroupe toutes les activités de transport de marchandises.
Après le dépôt d’une alarme social, le 31 octobre, alors que Fret SNCF doit se séparer de 10 % de ses employés, les syndicats étaient reçus ce mardi matin par la direction de la SNCF. Cette dernière a confirmé la feuille de route imposée par l’exécutif. Les fédérations cheminotes de la CGT, Unsa, SUD et de la CFDT dénoncent ensemble « le choix du pire », alors que « l’urgence climatique impose le développement du ferroviaire ». Pour le sénateur PCF du Val-de-Marne, Pascal Savoldelli, « l’échec de la mise en concurrence du train des primeurs entre Perpignan et Rungis (faisant partie des 23 flux abandonnés – NDLR) est la démonstration de l’impasse de cette stratégie ».
Cette liquidation méthodique de Fret SNCF, détenant 49 % du marché de fret ferroviaire en 2021, déstabilisera nécessairement l’ensemble de la filière. Alors qu’aucune étude d’impact n’a été réalisée par le ministère, un rapport du cabinet Secafi Alpha, commandé par le CSE de Fret SNCF, que l’Humanité a pu consulter, s’interroge sur la pérennité de la future entité Hexafret : « L’entreprise ne saurait trouver son point d’équilibre sans le soutien financier de l’État. » Hexafret ne pourra en effet pas candidater pour une période de dix ans sur le marché des trains dédiés, les plus rentables, avec un client unique. Or l’équilibre du fret ferroviaire demeure dans la combinaison des wagons isolés, composés de plusieurs clients et plus coûteux à produire, et des trains dédiés.
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