Envoyé spécial.
Début septembre 2024, la SNCF et la Régie des transports métropolitains (RTM) de Marseille ont opéré une résiliation immédiate du marché du nettoyage attribué, jusque-là, à Laser Propreté (500 à 600 salariés dans tout le pays). Les deux donneurs d’ordres ont, coup sur coup, dénoncé des « pratiques frauduleuses ».
Dans leurs notifications officielles, ils reprochent à leur sous-traitant de ne pas fournir les effectifs nécessaires pour assurer des prestations à la hauteur de ses obligations contractuelles. De quoi annuler les marchés sans préavis ni dédommagement, et les transférer à d’autres entreprises.
Des salariés « affectés à deux donneurs d’ordres » en même temps, selon la SNCF
Pour les salariés concernés – une trentaine, en principe, affectés à Saint-Charles, et 71 dans les stations de métro –, rien de surprenant dans cet épilogue malheureux pour Laser Propreté… Tout cela, ils l’avaient dénoncé publiquement lors d’une grève en août 2023. Mais pour la SNCF, contactée par l’Humanité, la résiliation « n’a rien à voir avec les dysfonctionnements internes à l’entreprise de nettoyage, dont se sont publiquement émus, par le passé, certains salariés de Laser Propreté ». Selon l’entreprise ferroviaire, « la fraude qui a justifié la résiliation est liée au fait que certains salariés de Laser Propreté étaient affectés à au moins deux donneurs d’ordres publics simultanément, alors que ces salariés, par ailleurs rémunérés à des conditions qui paraissent très largement hors marché, auraient dû être affectés à temps plein à un seul site ».
À l’été 2023, dans des déclarations retranscrites sur un procès-verbal d’huissier, une dizaine de membres du personnel avaient pourtant attesté que les listes transmises par le sous-traitant aux donneurs d’ordres étaient « fausses ». « Certaines personnes n’ont jamais été sur le site de la gare Saint-Charles, nous ne les connaissons pas », relève, par exemple, Houria Tahri, élue SUD Solidaires au CSE de Laser Propreté. « On a été des lanceurs d’alerte, mais la SNCF et la RTM n’ont pas moufté pendant un an », affirme aujourd’hui le syndicaliste Kamel Djeffel.
Lourdes menaces pour l’avenir de Laser Propreté
Un an plus tard, rien ne s’est arrangé, bien au contraire, chez Laser Propreté. Arrivé début 2024 pour redresser la société, un manager de transition a, au nom de « préoccupations éthiques et juridiques sérieuses », pris ses cliques et ses claques en mai. Avant l’été, un commissaire aux comptes sonnait l’alarme devant des « délits qui auraient été commis ».
Pointant, au passage, des « bizarreries constatées dans l’entreprise (disparition de matériel, intrusion dans le système informatique, etc.) », l’administrateur judiciaire, désigné il y a quelques semaines, paraît déjà résigné dans un mémoire envoyé fin octobre au tribunal : « Tout espoir de bâtir un plan de redressement apparaît vain tant le délitement de l’entreprise est profond, de sorte que seule la cession, ou la liquidation judiciaire, est sérieusement envisageable », écrit-il. « Ce qui a empoisonné Laser, ce ne sont vraiment pas ses salariés et ses syndicalistes qui ont obtenu des avantages, mais qui ne les ont pas extorqués, confie un ex-responsable à l’Humanité. On ne peut pas dire la même chose des autres acteurs de cette histoire. »
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