Les querelles partisanes ne sont pas seulement ennuyeuses, elles sont également néfastes pour les affaires.
C’est ce que mes collègues et moi avons découvert dans une étude récente sur la façon dont l’incertitude des politiques environnementales affecte les investissements des entreprises.
Premièrement, nous avons analysé plus de 300 millions d’articles de journaux, à la recherche de mots-clés liés à l’incertitude des politiques environnementales. Nous avons constaté que cette incertitude atteint un pic lors des périodes électorales et a presque doublé au cours de la dernière décennie.
Nous avons ensuite examiné les taux d’investissement des entreprises – un moyen courant d’évaluer la santé financière d’une entreprise – dans les secteurs touchés, tels que ceux de l’agriculture, des mines, de l’énergie et de l’automobile. Nous avons constaté que l’incertitude liée à la politique environnementale faisait baisser les taux d’investissement des entreprises de ces entreprises de 0,010 %.
Cela peut sembler peu, mais comme les économistes comme moi le savent, de petites sommes s’additionnent avec le temps.
Par exemple, nous avons constaté que l’augmentation de l’incertitude en matière de politique environnementale à l’approche de l’élection présidentielle de 2008 était liée à une baisse ponctuelle du taux d’investissement de 25 % pour les entreprises concernées par la politique environnementale. Cet effet a été plus important que l’incertitude associée aux politiques de défense, de santé et de finance.
Mais mon équipe a également trouvé une lueur d’espoir. Nous avons découvert que l’incertitude politique avait beaucoup moins d’effet sur l’investissement des entreprises lorsque le contrôle du Congrès était divisé et que les changements politiques nécessitaient un soutien bipartisan.
Lorsque le même parti politique contrôlait les deux chambres du Congrès, l’incertitude en matière de politique environnementale était associée à une baisse de 0,013 % des taux d’investissement. Mais lorsque le Congrès a été divisé, cette diminution s’est réduite à 0,002 %.
Pourquoi c’est important
Étant donné que l’incertitude politique a tendance à augmenter à l’approche des élections, nos résultats suggèrent que l’environnement politique actuel crée des vents contraires pour l’investissement des entreprises.
Notre étude suggère également que les politiques conçues pour stimuler l’investissement des entreprises pourraient s’avérer moins efficaces qu’on ne le pensait auparavant, en raison de l’incertitude qu’elles introduisent.
Prenez, par exemple, la loi sur la réduction de l’inflation, adoptée en 2021, et la loi bipartite sur les infrastructures de 2022. Toutes deux ont été conçues pour encourager les investissements dans les technologies d’énergie propre.
Mais l’incertitude quant à l’adoption de ces mesures – et, si tel est le cas, quant au contenu de ces mesures – a peut-être dissuadé les investissements avant leur entrée en vigueur. Et l’incertitude quant aux aspects des lois qui resteront en vigueur après les élections pourrait également peser sur les investissements des entreprises.
Un certain degré d’incertitude peut être inhérent au processus démocratique. Après tout, plus un gouvernement est rapide et secret, moins il est responsable envers le public. Si l’on considère les choses sous cet angle, une certaine incertitude constitue un coût inévitable d’un processus d’élaboration de politiques sain.
Notre étude évalue ces coûts et rappelle aux décideurs politiques que les luttes politiques internes constituent un frein à l’économie. Nos résultats suggèrent une voie prometteuse : le bipartisme.
Quelle est la prochaine étape
En raison de la grande diversité des politiques environnementales, notre équipe mène actuellement des recherches pour voir si les entreprises réagissent différemment à l’incertitude liée aux politiques de la « carotte » – telles que les subventions ou les allègements fiscaux – par rapport aux politiques du « bâton », telles que les amendes ou autres sanctions.
Répondre à cette question aidera les décideurs politiques à minimiser les effets de l’incertitude.
La question reste également ouverte de savoir si les articles de journaux transmettent des informations aux chefs d’entreprise ou reflètent simplement les informations dont ils disposent déjà. Dans ce dernier cas, la couverture médiatique n’est peut-être pas une bonne mesure de l’incertitude à laquelle les entreprises sont confrontées.
Pour répondre à cette préoccupation, nous travaillons à développer des moyens de mesurer l’incertitude sur la base des transcriptions des appels sur les résultats plutôt que des articles de journaux. Cela pourrait constituer un moyen plus direct d’évaluer les incertitudes qui influencent les décisions commerciales.
Le résumé de recherche est un bref aperçu de travaux universitaires intéressants.