Malgré son mandat de maire de Perpignan, Louis Aliot est très régulièrement présent au tribunal de Paris, depuis le 30 septembre. Une manière de mieux se préparer pour son audition devant le tribunal correctionnel de ce mardi après-midi ? À voir sa prestation, mélange d’approximations et de maladresses, il aurait sans doute mieux fait de s’occuper de ses administrés. « Je ne m’attendais quand même pas à ce qu’il soit si peu agile », lâche après l’audience l’un des avocats de ce procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN/RN.
Un seul contrat, celui qu’il a contracté en qualité de parlementaire avec Laurent Salles entre juin 2014 et février 2015, est reproché à Louis Aliot dans cette affaire. Même si le tribunal n’a pas manqué de l’interroger sur d’autres conventions, comme lorsqu’il a été assistant parlementaire de Marine Le Pen (alors sa compagne), entre 2011 et 2014, à mi-temps mais pour 5 000 euros par mois.
Un contrat qui, étonnamment, n’a pas été retenu dans la prévention. Pourtant, Louis Aliot n’a jamais expliqué quelles tâches il occupait alors, balayant la question ce mardi devant le tribunal, après avoir refusé de répondre aux interrogatoires des juges d’instruction, depuis le début de l’enquête il y a neuf ans.
Aucun appel et un seul SMS échangé en 9 mois
Le maire de Perpignan n’a pas été beaucoup plus prolixe concernant les missions qu’était censé exercer son assistant parlementaire Laurent Salles pour lui. « Il s’occupait de trier mes courriers, je recevais tout au siège du FN à Nanterre car les gens ne différenciaient pas le député européen du vice-président du FN, donc il fallait trier », s’est-il contenté de justifier ce contrat à temps plein.
Quelle était vraiment leur relation ? Selon les relevés réalisés par les enquêteurs, durant la durée de leur contrat, Louis Aliot et Laurent Salles n’auraient échangé qu’un seul SMS, aucun appel téléphonique, seulement huit mails relevant exclusivement de modalités administratives et un seul événement à l’agenda de l’assistant : la Galette des rois organisée par la fédération des Hauts-de-Seine du Front national… « Je n’avais pas besoin d’échanger avec lui, je le voyais chaque semaine », a répondu l’ancien eurodéputé.
Laurent Salles, lui, a souhaité garder le silence durant son audition. Pendant l’investigation, en revanche, il avait été plus bavard, expliquant notamment ne pas avoir rencontré ni échangé avec son futur député, y compris lors de la signature du contrat, et s’être installé, dès son embauche, au bureau de la DNGM, la Direction nationale aux grandes manifestations du FN. « C’était un open space à côté de mon bureau à Nanterre, c’est pour ça que je l’ai installé là », assure Louis Aliot.
3 h 30 d’interrogatoire
Mais Laurent Salles n’était-il pas, en réalité, un « assistant » à la DNGM, comme l’indique l’organigramme du parti en janvier 2015 ? Plusieurs mails, mais aussi les aveux de Laurent Salles et de Yann Maréchal Le Pen (en charge du service) devant les enquêteurs attestent de tâches réalisées en faveur de cette direction.
Dans les cordes, Louis Aliot patine. Il explique d’abord que « quand il avait terminé ses tâches d’assistant parlementaire, Laurent Salles pouvait aider la DNGM ». Puis que « la DNGM travaillait à ce moment-là uniquement sur le congrès de 2014 où j’avais un stand, les députés européens aussi. Il travaillait donc aussi pour moi en travaillant pour l’organisation du congrès. »
Durant ses 3 h 30 d’interrogatoire, Louis Aliot est plusieurs fois revenu sur ses propos, confus. Comme lorsqu’il a expliqué avoir adressé une lettre de licenciement à Laurent Salles, sans savoir expliquer pour quel motif, à quelle date, et si ce document existe vraiment… Une défense peu convaincante, donc, à l’image des autres prévenus qui se succèdent à la barre pour la quatrième semaine consécutive, n’augurant rien de bon pour les Marine Le Pen et le Rassemblement national.
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