Actes hostiles, réformes régressives, suppressions de postes, manque de soutien de la hiérarchie… L’inspection du travail est confrontée depuis plusieurs années à une série d’assauts visant à délégitimer ses missions. Le double assassinat, il y a vingt ans, de Sylvie Trémouille et de Daniel Buffière, deux contrôleurs, par un exploitant agricole, a brutalement mis en lumière ce climat d’extrême violence à l’égard de ces agents garants du respect du droit pour les travailleurs.
Gérard Filoche, syndicaliste et inspecteur du travail en exercice à l’époque des faits, a relaté dans le livre On achève bien… les inspecteurs du travail, l’événement, source d’un traumatisme encore vivace parmi ses collègues.
Figure emblématique de ce corps de fonctionnaires, il revient ici sur le traitement médiatique et politique biaisé qui a relégué ce double assassinat au rang de fait divers, symptomatique à ses yeux d’une longue entreprise de détricotage du Code du travail.
De la refondation sociale lancée par le patronat en réaction à la loi sur les 35 heures aux attaques contre les instances représentatives du personnel, et au basculement opéré par la loi El Khomri, les inspecteurs du travail, ultimes remparts face à ces assauts, en sont aussi devenus les principales cibles.
Cette année marque les vingt ans de l’assassinat de Sylvie Trémouille et Daniel Buffière par un exploitant agricole, en Dordogne. Comment a été perçu l’événement à l’époque ?
Le hasard a fait que j’ai été l’un des tout premiers à en être informé par une amie dont le mari, réparateur de machines agricoles à Saussignac (Dordogne, NDLR), avait été témoin direct du double assassinat.
Sylvie Trémouille et Daniel Buffière venaient pour un deuxième contrôle lié à l’emploi par l’exploitant agricole de travailleurs étrangers sans papiers. Il a d’abord tiré sur Daniel à bout portant avant de réépauler et de viser à distance dans le dos de Sylvie qui tentait de fuir. Je me suis par la suite rendu sur place pour écrire mon livre.