Des ports de Los Angeles aux champs de maïs de l’Iowa, la politique commerciale internationale des États-Unis est une force qui façonne la vie de chaque Américain. À l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2024, discuter de politique commerciale n’est pas seulement un exercice académique : c’est une responsabilité civique.
En tant qu’économiste, j’ai passé des années à étudier ce sujet. La politique commerciale a des effets profonds sur le fonctionnement des industries, depuis les lieux de production jusqu’à la dynamique concurrentielle. Ces changements ont un impact sur la vie quotidienne, du coût de votre café du matin à la sécurité d’emploi dans votre communauté locale.
Et comme le président exerce un contrôle étendu sur la politique commerciale, chaque élection présidentielle est un référendum sur la question.
Les deux administrations les plus récentes – le président Donald Trump et le vice-président Mike Pence de 2017 à 2021, et le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris de 2021 à aujourd’hui – ont eu des approches très différentes en matière de politique commerciale. Le contraste montre comment la philosophie économique d’un président peut remodeler la stratégie commerciale mondiale du pays.
Trump et Harris seront tous deux sur le bulletin de vote en novembre. Harris devrait poursuivre la politique commerciale de Biden si elle gagne. Cette comparaison donne un aperçu de la manière dont le prochain président américain gouvernera en matière de commerce.
2017-2021 : Trump et Pence sur le commerce
Trump a poursuivi un programme commercial protectionniste pendant son mandat.
Le protectionnisme fait référence aux politiques gouvernementales qui limitent le commerce international au profit des industries nationales. Ces mesures comprennent des droits de douane – des taxes sur les produits importés – des quotas et des réglementations qui rendent les importations plus coûteuses.
L’un des premiers actes de Trump au pouvoir a été de se retirer du Partenariat transpacifique – un pacte colossal regroupant 12 pays qui aurait couvert 40 % de la production mondiale. Sa décision a coûté à l’Amérique à la fois l’accès aux marchés asiatiques lucratifs et un puissant contrepoids à l’influence économique de la Chine.
Plus près de chez nous, Trump a renégocié l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pour en faire l’accord États-Unis-Mexique-Canada, renforçant ainsi les règles pour les constructeurs automobiles. L’effet ? Même si les salaires des travailleurs de l’industrie automobile et les prix des véhicules pour les consommateurs américains ont augmenté, cela n’a guère stimulé la production automobile nationale supplémentaire.
Trump a également lancé une guerre commerciale fondée sur les droits de douane avec la Chine et l’Union européenne, affirmant qu’elle permettrait de lutter contre les pratiques déloyales et de réduire le déficit commercial américain. Cette stratégie a toutefois donné lieu à des mesures de rétorsion tarifaires, entraînant une hausse des prix à la consommation et des pertes d’emplois dans les industries américaines dépendantes des composants importés. Si certains secteurs ont bénéficié de cette approche, les agriculteurs américains ont souffert de pertes à l’exportation, ce qui a nécessité des subventions gouvernementales.
Trump et son nouveau colistier, JD Vance, ont signalé leur intention de relancer la stratégie commerciale « l’Amérique d’abord ». Leur programme de campagne appelle à des droits de douane drastiques, notamment des droits de douane généraux de 10 % sur tous les produits et des droits de douane plus agressifs de 60 % ciblant spécifiquement les produits chinois.
2021-aujourd’hui : Biden et Harris sur le commerce
En revanche, l’administration Biden-Harris a adopté une approche multilatérale mettant l’accent sur la coopération entre les pays.
L’administration a maintenu la plupart des droits de douane imposés par Trump sur les produits chinois et certains sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance d’autres pays. Cependant, ils ont recadré ces mesures dans le cadre d’une campagne plus large visant à freiner le changement climatique et à protéger les droits des travailleurs.
L’administration a également lancé des initiatives telles que le Cadre économique indo-pacifique pour la prospérité, ou IPEF, signalant un retour aux stratégies commerciales de l’ère Obama donnant la priorité aux partenariats régionaux dans le Pacifique. L’IPEF vise à renforcer les liens économiques avec les pays asiatiques en coordonnant les politiques visant à améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement et à promouvoir l’énergie propre plutôt que de se concentrer uniquement sur les réductions tarifaires.
L’approche Biden-Harris met l’accent sur la coopération internationale tout en valorisant la création d’emplois nationaux, en particulier dans les énergies propres et l’industrie manufacturière. Cependant, le maintien de nombreux droits de douane imposés par Trump sur les produits chinois, l’acier et l’aluminium, a maintenu les coûts à un niveau élevé pour certaines entreprises et consommateurs américains.
S’appuyant sur les politiques de l’administration Biden, la campagne Harris a indiqué son objectif de protéger les ménages à revenus faibles et moyens contre les nouveaux tarifs douaniers qui pourraient faire augmenter les prix tout en maintenant une position ferme à l’égard de la Chine par le biais des tarifs douaniers et des restrictions commerciales existants.
Pouvoirs présidentiels et influence sur le commerce
Le président joue un rôle essentiel dans la définition de la politique commerciale américaine.
Le président peut négocier des accords commerciaux internationaux, même si le Congrès doit les approuver pour devenir loi. Le pouvoir exécutif contrôle également les tarifs ; en vertu de lois telles que le Trade Act de 1974, le président peut les imposer sans l’approbation du Congrès.
En outre, le président peut déclarer des urgences nationales liées au commerce, nommer des représentants commerciaux, émettre des décrets pour gérer les politiques commerciales fédérales et imposer des sanctions susceptibles d’influencer la dynamique commerciale mondiale.
Les accords de libre-échange peuvent stimuler les exportations et promouvoir la croissance économique, mais ils peuvent également déplacer certains travailleurs. En revanche, les droits de douane sur les importations protègent certaines industries nationales mais font monter les prix pour les consommateurs américains. Des études montrent que les droits de douane imposés sous Trump, et maintenus par Biden, ont entraîné une hausse des prix, une réduction de la production et une baisse de l’emploi, nuisant ainsi à l’économie américaine.
Les politiques commerciales affectent également les relations diplomatiques et les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ainsi, alors que les électeurs examinent les positions des candidats en matière de politique commerciale, ils doivent regarder au-delà des phrases. Comprendre comment chaque approche affecte les marchés du travail, les prix à la consommation et la compétitivité mondiale aidera les électeurs à voter en connaissance de cause et en ligne avec leur vision de l’avenir du pays.
Dans le monde du commerce, chaque vote compte.