Affluence des grands jours au palais de justice de Paris. Gérard Depardieu devait y comparaître pour des agressions sexuelles dénoncées par deux femmes, sur le tournage du film les Volets verts, en 2021.
Mais comme l’avait annoncé son avocat, Me Jérémie Assous, le matin même, sur France Info, l’acteur ne s’est pas présenté devant les magistrats de la 10e chambre, arguant d’un état de santé trop précaire pour « rester assis six heures durant dans une salle » et du « stress généré par cette audience ». Le président Thierry Donard n’a eu d’autre choix que de renvoyer ce procès aux 24 et 25 mars 2025, en ordonnant une expertise médicale indépendante de l’acteur, qui devra être rendue le 4 mars.
Volontiers outrancier
« J’ai l’impression que Gérard Depardieu se défile et je crois que je ne suis pas la seule », a réagi, à la sortie de la salle d’audience, Amélie K., décoratrice sur le tournage des Volets verts et une des deux plaignantes dans ce dossier. « C’était extrêmement difficile d’écouter toute cette violence de la part de la défense. Je n’ai entendu quasiment que des mensonges de sa part », a-t-elle aussi fustigé. Il faut dire que Me Assous ne s’est pas contenté de plaider pour le renvoi du procès.
Volontiers outrancier et agressif à l’égard des parties civiles, comme s’il devait compenser l’absence abyssale de son client, l’avocat a longuement plaidé sur le fond, dénonçant sans convaincre une « instruction à charge », qui aurait « écarté tous les témoins favorables » à Gérard Depardieu, ou critiquant les « pseudo-attestations » fournies par les parties civiles pour évaluer l’impact psychologique des agressions subies.
« Après avoir accusé les victimes de vouloir s’enrichir, on a entendu de nouveaux propos très problématiques dans la bouche de la défense. C’est une violence supplémentaire pour elles », a regretté Me Claude Vincent, l’avocate de Sarah 1, l’autre plaignante.
« Depardieu n’est pas malade pour violer des femmes »
Annoncée, la défection du prévenu n’avait pas empêché une foule compacte de se presser devant la salle d’audience, mais aussi sur le parvis du tribunal. Des militantes féministes y avaient organisé une mobilisation en « soutien aux victimes de Gérard Depardieu ».
« Tu n’es pas la fierté de la France », ont notamment scandé ces manifestantes, en référence aux mots d’Emmanuel Macron sur France 5, en décembre 2023. Dans la salle, s’épaulant régulièrement d’un regard ou d’une étreinte, les comédiennes Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de viols, et Anouk Grinberg, qui dénonce l’impunité accordée au comédien par le milieu du cinéma, étaient aussi présentes. « Je suis là parce que c’est aussi mon histoire », a confié la première sans s’étendre. Suite à sa plainte en 2018, un procès pour viols et agressions sexuelles a été requis contre Gérard Depardieu par le parquet en août dernier.
« Depardieu est malade quand il s’agit de dire la vérité, mais il n’est pas malade pour violer des femmes », a grincé Anouk Grinberg après le renvoi de l’audience. Convaincue que ce procès, quand il pourra se tenir, sera « historique », l’actrice a néanmoins affiché sa confiance : « La société est désormais à l’écoute des victimes. Amélie, Sarah, Charlotte, et toutes celles qui n’ont pas pu parler ; il y en a tellement… On ne pourra pas les écraser avec des effets de manche. »
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