« Faire attention aux autres », c’est ce que Marie-Claude retient de plus important dans les enjeux actuels du syndicalisme. Elle avance cette idée dans une réunion syndicale tenue la semaine dernière. Retraitée aujourd’hui, elle raconte l’une de ses premières luttes d’ouvrière du textile. Les conditions de travail, c’était « le bagne », dit-elle. Les ouvrières encaissaient tout, les cadences insupportables, les salaires de misère, les brimades, le mépris. Puis, un jour, la direction refuse à une ouvrière qui vient de perdre son enfant de pouvoir arrêter là sa journée.
D’un seul coup, c’est la grève. Les ouvrières s’insurgent contre une décision inhumaine envers l’une d’entre elles, frappée par un malheur terrible. Vingt-quatre heures auparavant, c’était inimaginable et pourtant elles l’ont fait. Et elles l’ont fait par solidarité. La CGT présente dans l’entreprise joue son rôle : entendre, porter, valoriser les exigences des ouvrières, les aider à gagner sur le sujet qu’elles ont elles-mêmes choisi, et ainsi contribuer à leur prise de conscience de leur propre force. Dans l’action, les revendications s’élargissent, la CGT y contribue. Marie-Claude termine son récit, la réunion syndicale se poursuit autour de son idée : faire attention aux autres est le maillon le plus important pour faire vivre et développer l’action syndicale et la syndicalisation.
Se syndiquer doit permettre de se sentir plus fort, plus entouré, et aussi plus libre.
Depuis de très nombreuses années, le nombre de syndiqué.es qui quittent la CGT est aussi important que le nombre d’adhésions nouvelles réalisées. Le phénomène touche aussi les autres organisations, au point que l’on peut estimer aujourd’hui que le syndicat le plus nombreux en France est celui des anciens syndiqué.es. Toutes les directions syndicales sont, bien sûr, conscientes du problème, mais elles sont comme démunies face à ce véritable tonneau des Danaïdes. Les nombreuses tâches syndicales quotidiennes, toutes urgentes et importantes, conduisent à délaisser cette part moins visible.
Les raisons à ces départs aussi discrets que nombreux sont évidemment multiples : mobilités professionnelles et géographiques, déménagements, changements de vie personnelles, et, bien sûr, mal-être dans l’organisation voire désaccords de fond ou personnels avec tel ou telle de ses dirigeant.es. Parmi toutes ces raisons, une surnage : un lien trop distendu entre syndiqué.es. Il ne suffit pas, même si c’est important, de recevoir des informations syndicales par courrier, courriel ou autre pour avoir le sentiment qu’il y a une vraie valeur ajoutée à être syndiqué.e. Celle-ci ne peut résulter que de l’expérience concrète d’une vie syndicale où on peut échanger, donner son avis et entendre celui des autres.
Être écouté, participer à la prise des décisions, et à leur mise en œuvre, c’est le b.a.-ba de l’intégration syndicale. On a aussi besoin de se sentir compter dans l’équipe, d’être quelqu’un que l’on connaît, dont on prend des nouvelles quand on est absent d’une réunion ou d’une initiative… Or ce n’est pas ce qui domine dans notre vie syndicale quotidienne. Dans l’immensité, la complexité et la dureté des tâches militantes, il y a sans doute besoin de modifier l’ordre des priorités. Se syndiquer doit permettre de se sentir plus fort, plus entouré, et aussi plus libre. La solidarité entre les syndiqué.es s’affirme alors comme une arme essentielle pour combattre les mises en concurrence néolibérales et avancer vers un changement fondamental de société.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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