Le Mondial de l’auto a été la vitrine des derniers modèles flambant neufs qu’une grande majorité de Français ne pourront jamais acquérir. Et derrière la vitrine, c’est l’histoire d’une filière industrielle où la rapacité du capital est d’une violence inouïe pour les travailleurs. Depuis une quinzaine d’années, les constructeurs ont patiemment mis en œuvre un plan qui vise à se délester de pans entiers de la production – fonderies, pièces embouties, embrayage – en les confiant à des entreprises sous-traitantes, parfois au sein d’un même territoire. La conséquence, c’est une précarisation de l’emploi dans les fameux « accords d’entreprises », pour rogner sur leurs conquis sociaux et imposer des sacrifices en termes de salaires et de temps de travail.
L’autre étape, c’est en ce moment. Au nom du virage sur « la voiture électrique » et de la concurrence libre et non faussée, tous les constructeurs accélèrent les délocalisations. Le « coût du travail » serait encore trop élevé. La justification est trop facile et intolérable pour les salariés concernés. Pensons à ceux de Valeo, Dumarey, Impériales Wheels, Walor ou encore MA France qui occupent leur usine depuis six mois pour éviter le transfert des machines. Depuis 2008, ce sont 100 000 emplois qui ont été supprimés dans la filière et 80 000 qui sont menacés dans l’avenir.
En plus d’engranger des milliards d’aides publiques, le plan filière 2024-2027 ne contient aucun objectif social ou environnemental.
L’Union européenne et les gouvernements de ses États membres n’ont rien fait pour déployer une stratégie efficace. Autrefois puissance industrielle, le Vieux Continent a raté le virage de la voiture électrique. Même Volkswagen prévoit des licenciements en Allemagne.
Ce n’est pas l’excès de normes ni l’adaptation nécessaire aux enjeux environnementaux qui en est la cause, comme le répètent les démagogues libéraux et conservateurs en tout genre. Les grands groupes automobiles n’ont répondu qu’aux seuls intérêts de financiarisation pour gaver leurs actionnaires au lieu d’investir dans la recherche et le développement. En plus d’engranger des milliards d’aides publiques et potentiellement 5 milliards d’euros à l’horizon 2030, le plan filière 2024-2027 ne contient aucun objectif ni en termes d’emplois, ni de sites préservés, ni de volume de voitures construites en France. Malgré les sommets tels que Choose France pour rendre notre pays attractif, seule une gigafactory de l’automobile est sortie de terre avec un bilan en termes d’emplois (1 200) beaucoup trop maigre.
Dans un monde où un salarié peut gagner le Smic et le patron de Stellantis 36 millions d’euros, il est temps de légiférer pour imposer un écart de salaire de 1 à 20, de conditionner les aides publiques aux entreprises à des critères d’emplois, et surtout de responsabiliser les donneurs d’ordres en matière sociale.
Il faut enfin un cap clair qui permette de produire ici la voiture de demain. Des voitures plus petites, moins chères, moins polluantes pour se déplacer, tout en développant les transports en commun qui répondent aux besoins humains. Cessons d’opposer les modes de transport et réfléchissons à leur complémentarité. La filière automobile doit devenir le symbole de cette nécessaire coalition d’intérêts entre producteurs et citoyens, la preuve que seule une planification écologique, débattue démocratiquement, est le chemin vers la justice sociale.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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