Par le biais d’un décret signé par Élisabeth Borne quelques jours avant sa démission, mais aussi par Bruno Le Maire alors ministre de l’Économie et par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition, une petite compagnie pétrolière a obtenu l’autorisation de l’extension d’un site de forage situé au sud du département. Ainsi, la société Bridge Energies devrait pouvoir creuser deux nouveaux puits à quelques centaines de mètres de la commune de Nonville (Seine-et-Marne).
Ce projet de forage « menace les nappes d’eau souterraine qui alimentent 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais », estime Eau de Paris, entreprise publique de gestion de l’eau. Le risque de pollution du Lunain, rivière classée Natura 2000, située à proximité, « serait dramatique pour la biodiversité », ajoutent six associations environnementales dans un communiqué.
En ce sens, Eau de Paris a déposé un recours au tribunal administratif de Melun. La Ville de Paris, des collectivités de Seine-et-Marne, Les Amis de la Terre France, France Nature Environnement (FNE) Île-de-France, FNE Seine-et-Marne, Notre Affaire à Tous, le Réseau Action Climat et Reclaim Finance, ont de leur côté formé une « intervention volontaire », une procédure en soutien à ce recours.
« L’autorisation de nouveaux forages pétroliers est une ligne rouge »
Eau de Paris espère obtenir l’annulation définitive de l’autorisation de forage à Nonville accordée à Bridge Energies. Lors du forage, « deux nappes d’eau souterraine devront être traversées pour atteindre le pétrole à 1 500 mètres de profondeur » avec un risque de contamination, explique l’établissement public chargé du prélèvement, du traitement et du transport de l’eau potable vers Paris. « L’exploitation et le transport des hydrocarbures comportent eux aussi de nombreux risques, continue Eau de Paris : pollution des sols, des eaux de surface et souterraines ».
Ces autorisations sont totalement contraires aux ambitions affichées de la France de sortir progressivement des énergies fossiles. « L’autorisation de nouveaux forages pétroliers est une ligne rouge que nous ne pouvons franchir, une réelle aberration face à l’urgence climatique », fustige Juliette Renaud, coordinatrice des Amis de la Terre France.
« Le symbole est fort : un an après l’accord de la COP28 sur la sortie des fossiles, et à quelques jours du lancement de la COP29, la France choisit de renforcer l’extraction de pétrole à quelques kilomètres de sa capitale », appui Clara Sannicolo, responsable climat et territoires au Réseau Action Climat. « Il s’agit là d’un cas d’école de projet non seulement anachronique mais en violation claire des engagements français en matière climatique et environnementale », appuie Jérémie Suissa, délégué général de Notre Affaire à Tous.
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