Le Prêcheur, Saint-Pierre, Morne-Rouge, Sainte-Marie et Fort-de-France (Martinique), envoyé spécial.
À Saint-Pierre, au pied de l’imposante montagne Pelée, dont l’éruption détruisit la ville en 1902, c’est jour de marché en ce premier samedi d’octobre. Valéry fait ses comptes : « 8 euros le kilo d’igname venu de Costa Rica. Où va-t-on avec ces prix ? » s’interroge ce retraité. À 80 ans, pour compléter sa pension de 1 300 euros, Valéry est obligé de poursuivre une activité professionnelle. « Je fais du transport, je cultive des légumes et je pêche. Comme beaucoup, je me considère comme un militant contre la vie chère. » Il ajoute : « Sur ce marché, avec 50 euros de courses, une famille ne peut pas tenir trois repas. »
« Le prix du kilo de riz a plus que doublé »
Un peu plus loin, la situation est tout aussi préoccupante pour le commerce de Claude. Ce maître artisan glacier de 58 ans a vu le prix d’une de ses matières premières s’envoler : « Le lait en poudre a augmenté de 50 % en dix ans… » Devant les poissonniers qui découpent la pêche du jour, Andrée, 84 ans, explique ne toucher que 247 euros de retraite, après une vie au travail au côté de son époux, sans être déclarée : « Comment faire pour vivre ? Je n’achète pas de vêtements. Pour la nourriture, mon fils, qui est rentré sur l’île après la mort de son père, m’aide de temps en temps pour la viande ou du poulet. » Jacqueline, la poissonnière, a revu, elle, ses modes de consommation : « Avant, j’achetais du riz en paquet de 10 kilos. Maintenant, j’ai réduit de moitié. Le prix au kilo a plus que doublé… »
Voici plus d’un mois que la question de la vie chère est brusquement réapparue dans l’actualité martiniquaise. Tout a commencé par un ultimatum aux distributeurs et élus, posté sur TikTok par « le R », le 1er septembre. Le R ? Il s’agit de Rodrigue Petitot. Toujours coiffé d’un bob rouge, il est le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), une association qui a impulsé cette mobilisation grâce aux réseaux sociaux, prenant de court les syndicats.