L’Ugict-CGT a publié, ce jeudi, son baromètre annuel qui donne une photographie de l’état d’esprit des cadres. Aux questions sur le temps et la charge de travail, le droit à la déconnexion et sur la confiance aux syndicats s’ajoute cette année celle sur les discriminations raciales dans les entreprises.
Les réponses des personnes interrogées mettent en avant l’explosion des heures de travail supplémentaires, comme de leur charge de travail. Comment réagissez-vous au fait que plus d’un cadre sur deux déclare travailler durant ses jours de repos ?
Caroline Blanchot
Secrétaire générale de l’Ugict-CGT
C’est une catastrophe. Ce qui ressort de ce sondage, c’est clairement le slogan « Travailler plus pour gagner moins » : 63 % des cadres déclarent travailler plus de 40 heures par semaine. Et 46 % estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec le temps réel passé au travail.
À la CGT, on réclame un encadrement strict du forfait jour, lequel ne permet pas d’avoir un décompte horaire, ni des temps de repos légaux respectés. La France a été d’ailleurs été condamnée pour cela par le Comité européen des droits sociaux. Il faut aussi se battre contre la réduction des effectifs qui impose de travailler plus avec moins de personnes. Et les salariés doivent disposer d’un réel droit à la déconnexion, opposable à l’employeur.
Le sondage met en lumière une certaine omerta sur le droit d’expression des cadres…
Avec la financiarisation de l’économie, les cadres ont de moins en moins leur mot à dire : 52 % déclarent rentrer fréquemment en contradiction avec les choix et pratiques réelles de leur entreprise ou administration. Et quasiment 60 % aimeraient disposer d’un droit d’alerte dans l’exercice de leurs responsabilités afin de pouvoir refuser la mise en œuvre d’une directive contraire à leur éthique personnelle. À l’Ugict, nous sommes pour, car nous pensons que les personnes les plus compétentes sont les salariés et les encadrants.
En revanche, le baromètre montre que les cadres ont de plus en plus confiance en la capacité des syndicats à défendre leurs droits et emploi. Comment l’expliquez-vous ?
La confiance des cadres en leur faculté à se défendre par eux-mêmes diminue de plus en plus. C’est sûrement dû au mouvement de financiarisation des entreprises et à des décisions politiques qui les dépassent. En 2023, 9 salariés sur 10 étaient contre la réforme des retraites. Pourtant, elle est passée en force par 49.3. La marge de manœuvre individuelle étant toujours plus réduite, nous constatons depuis quelques années une augmentation très importante des demandes d’adhésion des ingénieurs, cadres, techniciens à la CGT. Rien qu’en 2023, nous en avons reçu 10 000.
L’étude fait un focus sur les discriminations raciales. Comment réagissez-vous au fait que plus d’un cadre sur cinq en a déjà été témoin ou victime ?
Depuis les dernières élections, nous traversons une période propice à la libération de la parole raciste et xénophobe. Et c’est la double peine pour les femmes. En effet, 14,5 % d’entre elles déclarent avoir déjà été victimes de blagues racistes, contre moitié moins pour les hommes. Nous constatons que le patronat ne prend pas ses responsabilités en matière de prévention et de sanction des actes discriminatoires en entreprise.
Un cadre sur deux atteste du fait que son employeur ne l’a jamais informé des droits et recours en cas de comportement raciste au travail. À l’Ugict, nous avons sorti un modèle de lettre pour que les salariés du public comme du privé puissent interpeller leur direction et l’obliger à assumer ses responsabilités pour contrer les discours discriminatoires comme les discriminations dans les déroulements de carrière.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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