Longtemps apanage du mouvement communiste international, le 8 mars s’est élargi à des forces nouvelles, il y a cinquante ans, par la décision de l’ONU de faire du 8 mars 1975 « une journée internationale des femmes », initiative poursuivie jusqu’à nos jours. Le féminisme était en plein essor, tant au plan international qu’au plan national. La France créait son tout premier secrétariat d’État à la Condition féminine et l’année s’ouvrait par le vote, le 17 janvier, de la loi Veil sur l’IVG. Ce n’est pourtant qu’en 1982 que le 8 mars s’institutionnalise en France, sous la présidence de François Mitterrand et sur proposition d’Yvette Roudy. Ambivalence de la décision : l’officialisation de la journée élargit son impact mais comporte aussi le risque d’en tuer la dimension subversive et de lutte qui vient de très loin, de 1910 exactement.
C’est à cette époque que la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, réunie à Copenhague, décide d’organiser chaque année, à date fixe, une journée de mobilisation des femmes pour leurs droits. Clara Zetkin, qui en est l’initiatrice, n’aurait sans doute jamais imaginé une telle postérité à sa proposition. Calquée à l’origine sur le 1er Mai, lui-même décidé à Paris en 1889, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes connut, avant la guerre de 1914, des débuts chaotiques. Mais, en 1921, la jeune Union soviétique officialise le 8 mars afin de rappeler la marche des ouvrières et femmes de soldats qui démarra la Révolution. Cette décision ancre désormais la journée dans le mouvement communiste international.
Après 1945, l’élargissement de ce qu’on appelle alors le bloc soviétique accentue le phénomène et donne un retentissement très large au 8 mars tout en le menaçant déjà d’institutionnalisation. Dans ces pays en effet, il se traduit souvent en journée de « fête des femmes » ou de la « Femme », plus qu’en journée de lutte des femmes pour leur émancipation. Les fleurs se substituent aux revendications. La guerre froide fait rage. Selon les périodes, les 8 mars, gardant leur caractère international, sont marqués par de grandes mobilisations en faveur de la paix, tant dans les pays du bloc soviétique que dans les pays capitalistes.
En France, la CGT, qui ne laisse jamais passer une année sans mobiliser les travailleuses, le 8 mars, se bat pour que les préoccupations revendicatives ne passent pas au second plan. Elle cherche à construire des actions fortes pour le droit au travail des femmes, pour l’égalité salariale, la réduction du temps de travail et les droits spécifiques des mères travailleuses. Vers la fin du XXe siècle, les associations féministes et la CGT se rapprochent, sous l’effet d’un double mouvement : une meilleure prise en compte par les mouvements féministes des réalités vécues par les femmes salariées, et aussi une meilleure appréhension par la CGT des questions féministes.
Enfin, les relations entre les organisations syndicales elles-mêmes s’améliorent, en particulier sur les questions d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Le 8 mars devient à la fois un rendez-vous intersyndical de lutte pour les droits des femmes, et un moment de mobilisation avec les associations féministes voire avec des partis de gauche au-delà du seul PCF. Cette année 2025 ne fait pas exception. Alors, oui toutes et tous ensemble pour les droits des femmes et l’égalité, le 8 mars, on se lève, on se bat et on manifeste.
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